Des sacs en polypropylène remplaceront 30% des sacs en kraft utilisés dans l’emballage du ciment. Ce qui fera gagner à la Tunisie l’équivalent de 20 millions de Dinars (MD) en devises. C’est ce qu’indique savoir Salah Ben Youssef, ministre de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises.
En clair, les sacs en polypropylène réduisent le volume des importations de pâte kraft déclare Salah Ben Youssef.
De même, cela permet de se repositionner sur le marché libyen en baissant le coût des sacs de ciments. « Ce qui favorisera la compétitivité de notre produit par rapport au concurrent turc sur ce même marché », ajoute-t-il.
La Tunisie a perdu le marché algérien
Et de rappeler que la Tunisie a perdu le marché algérien. En effet, notons qu’il a un excédent de production. D’où la nécessité de développer de nouveau les exportations vers Libye. Sachant que 7 millions de tonnes/an sont écoulés sur le marché local. Contre une production de 11 millions de tonnes/an.
Par ailleurs, rappelons qu’un arrêté conjoint entre les ministres de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises et celui du Commerce publié au JORT, du 14 août 2020, autorisait l’utilisation des sacs en plastique pour emballer le ciment. Alors que le pays a adopté, depuis janvier 2020, une politique d’interdiction progressive de l’utilisation de ces sacs dans tous les espaces. Et ce, avant une interdiction définitive à partir de 2021.
Ainsi, pour le ministre, cette décision est prise suite à des études et des consultations avec les professionnels du secteur. Lesquels auront le libre choix de l’utilisation, soit des sacs en kraft, soit des sacs en polypropylène.
En effet, cela concerne, sous la tutelle du département de l’industrie, cinq sociétés publiques avec des bilans négatifs. Dont deux cimenteries, à savoir: la société des ciments de Bizerte; et la Société les Ciments d’Oum El Kelil (CIOK). C’est ce que précise M. Salah Ben Youssef. En ajoutant que depuis, le mois de mars 2020, son département a engagé une étude. Elle repose sur une stratégie de Coast Killing (réduction des coûts). Ainsi qu’une autre visant à identifier les investissements à faire pour améliorer la rentabilité de ces entreprises.
Réduire les pertes de 14 millions de dinars/an
Car, le premier centre de coût est l’énergie. Pour ce volet, on envisage la création d’une centrale photovoltaïque. Ce qui permettra de réduire de 14 millions de dinars/an, les pertes des cinq sociétés publiques sous la tutelle du ministère, indique Ben Youssef. Tout en estimant que le deuxième centre de coût qui représente les frais de personnel reste « une composante intouchable ».
Quant au troisième centre de coût, il s’agit de l’emballage. Il représente pour les deux cimenteries publiques 8% du prix d’un sac de ciment vendu. Soit un taux qualifié « d’énorme » par le ministre. « Les cimenteries achètent le sac en kraft entre 800 millimes et 1 dinar hors taxes. Soit le double du prix du même produit vendu à l’étranger », avance-t-il encore.
En outre, ce secteur est monopolisé par un cluster privé composé d’un seul importateur/producteur et de six assembleurs de grands sacs en kraft. C’est ce que rappelle encore le ministre. Tout en ajoutant que sept producteurs de sacs en polypropylène opèrent sur le marché tunisien. Et d’expliquer que l’importation de pâte kraft est assurée par un seul importateur qui est la Société Tunisienne Industrielle du Papier et du Carton (SOTIPAPIER); avant sa transformation en bobine de kraft qui sont transformées en grands sacs par les assembleurs.
« Seulement deux sociétés parmi les six assembleurs remportent chaque année les appels d’offres, dont une appartenant à un élu de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) », a souligné le ministre.
« Un dossier d’examen des incidences environnementales de l’utilisation des sacs a été soumis, au début du mois de mai, au ministère de l’environnement », selon le ministre. Ajoutant qu’aucune réponse n’est parvenue à son département qui a décidé de publier l’arrêté en question conjointement avec le ministère du Commerce.
140 millions de sacs en polypropylène sont mis sur le marché chaque année
Il a rappelé dans ce cadre que 140 millions de sacs en polypropylène sont mis sur le marché chaque année. « Ces sacs sont utilisés dans l’emballage de la semoule, la farine, la chaux, le fourrages et les engrais », a-t-il indiqué. Rappelant que le polypropylène est réutilisable et recyclable en pots, palettes et en plastique.
A noter que la publication de l’arrêté autorisant l’utilisation desdits sacs dans le domaine du ciment a suscité des critiques sur les réseaux sociaux. Des députés ont même qualifié la décision du ministère de l’Industrie « de pas en arrière » vu l’impact du plastique sur l’environnement.
Avec TAP