La Société Tunisienne Industrielle du Papier et du Carton (Sotupapier), entreprise cotée à la Bourse de Tunis, a décidé de faire appel devant le tribunal administratif, contre la décision ministérielle relative à l’utilisation de sacs en plastique pour l’emballage du ciment.
A cet égard, l’avocat Ahmed Ben Hassana a affirmé, aujourd’hui, dans une déclaration accordée à une radio locale, qu’une plainte a été déposée auprès du tribunal administratif. L’objectif étant d’annuler la décision conjointe des ministres de l’Industrie et du Commerce relative à l’utilisation de sacs en plastique dans l’emballage du ciment.
Il a souligné, aussi, qu’il fera recours, d’une façon urgente, au président de ce tribunal. Et ce, pour arrêter la mise en application de ladite décision.
150 millions nouveaux sacs en plastique
D’après lui, cette mesure légitime la pollution. Car elle entraînera la production chaque année de 150 millions nouveaux sacs en plastique, au moins. D’autant que « la Tunisie ne s’est pas préparée à les collecter et à les éliminer. Ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences désastreuses sur l’environnement ».
Selon M. Ben Hassana, cette décision se caractérise par une légitimité contestée. Car elle contredit un nombre de textes législatifs. En particulier l’article 45 de la Constitution qui prévoit le droit du citoyen à un environnement sain. Et d’ajouter que l’article 38 stipule que l’État garantit la prévention et la protection sanitaire pour chaque citoyen. Il met en place toutes les conditions nécessaires pour assurer la sécurité et des services de santé de qualité.
Cette décision s’oppose, également, aux stratégies environnementales du pays visant à réduire la pollution plastique. Ainsi qu’à améliorer la gestion rationnelle des déchets dangereux en remplaçant des contenants en plastique par d’autres écologiques.
« Bien que l’environnement n’était pas aussi sain avant cette décision, nous ne devons pas légitimer la pollution. A réitéré Ben Hassana.
Pour rappel, la décision conjointe des deux départements gouvernementaux, publiée au JORT du 14 août 2020, autorise l’utilisation de sacs plastiques pour l’emballage de ciment depuis janvier 2020. Ce qui contredit la politique de l’interdiction de l’usage progressif des sacs plastiques avant d’approuver une interdiction définitive de ces sacs. Et ce à partir de janvier 2021.
Un « pas en arrière »
Cette décision a suscité une polémique sur les réseaux sociaux. Plusieurs militants écologistes l’ont décrite comme un « pas en arrière ».
Le ministre de l’Industrie et des PME, Salah Ben Youssef, avait souligné que « les 30% des sacs en kraft utilisés dans l’emballage du ciment seront remplacés par des sacs en polypropylène. Ils feront gagner à la Tunisie l’équivalent de 20 millions de Dinars (MD) en devises. Et ce grâce à la réduction du volume des importations de pâte kraft ».
D’après le responsable, « il s’agit, également, de se repositionner sur le marché Libyen en baissant le coût des sacs de ciment. Ce qui favorisera la compétitivité de notre produit par rapport au concurrent turc sur ce même marché ».
De son côté, la Chambre nationale des producteurs de ciment (CNPC), relevant de l’UTICA, a précisé, dans un communiqué, publié vendredi, que la décision prise a permis de répondre à une demande faite par les professionnels de cette activité, remontant à plusieurs années. Ce qui permettra d’harmoniser la nature du sac d’emballage du ciment avec celui utilisé par les grands producteurs du ciment et évoluant dans des pays soucieux de la protection de l’environnement, en l’occurrence l’Allemagne, la France, la Suisse…
Elle a fait savoir, en outre, que le recours à l’emballage en polypropyiène (PP) permettra l’élimination de la rupture des sacs et la perte conséquente du continu (ciment), une meilleure protection du ciment contre les agressions atmosphériques (humidité, eaux pluviales…) et l’annulation du monopole du papier kraft pour les sacs d’emballage.
Avec TAP