Le monde de la finance a profondément changé partout dans le monde, la Bourse en particulier.
S&P Global Market Intelligence a annoncé que le deuxième trimestre 2020 a enregistré un record en termes de montant levés sur toutes les places financières mondiales, atteignant 260 milliards de dollars. Cela traduit, entre autres, les besoins de financement urgents des entreprises à cause de la pandémie, mais prouve aussi qu’il y a de l’argent à collecter même dans les moments les plus difficiles. Mais qu’en est-il pour la Bourse de Tunis ? 75 séances d’échange après le déconfinement, nous pouvons avoir une idée claire sur les tendances.
Meilleure dynamique
Depuis le 4 mai 2020, le volume quotidien moyen de la Bourse de Tunis s’est établi à 4,348 MTND. Et ce, hors transactions de blocs. C’est une amélioration par rapport à la période pré-Covid. Celle-ci a affiché un volume quotidien moyen de 3,951 MTND.
Cette dynamique provient toujours des investisseurs locaux. Depuis le déconfinement, les étrangers ont acquis des actions pour une valeur de 5,936 MTND seulement contre des ventes de 24,626 MTND.
Le solde de leurs interventions est mieux équilibré lorsqu’on intègre les transactions de blocs, marquées par des achats de 39,921 MTND pour des cessions de 27,033 MTND. Globalement, les investisseurs étrangers restent net vendeurs sur toute la période.
Côté indice, le TUNINDEX a repris 7,55% de sa valeur depuis le 4 mai 2020. Mais il reste toujours en territoire négatif. La Capitalisation a gagné également 1 360 MTND. Pourtant, les banques n’ont pas particulièrement performé. Elles ont affiché une baisse de 5,3%.
En ce qui concerne le marché de la dette, aucune émission d’emprunts obligataires n’a été enregistrée. Cela est expliqué par le manque de visibilité pour les établissements de crédits qui sont les principaux acteurs sur ce compartiment. La priorité est donnée au recouvrement et à la gestion des risques plutôt qu’au financement de nouveaux projets.
Les beaux jours de la gestion collective
Au niveau de la gestion collective, la situation s’est nettement améliorée avec 538 MTND supplémentaires en 3 mois. Il faut remonter à des années pour observer une telle tendance. Cette performance a été atteinte grâce aux OPVCM obligataires avec un actif net additionnel de 463 MTND.
Cela est expliqué par l’intention du ministère des Finances d’appliquer un taux de retenue à la source de 35% sur les intérêts générés par certains types de placements qui rapportent plus que TMM+1%.
Ainsi, la liquidité qui a quitté ces véhicules d’investissement vers les produits monétaires a rebroussé chemin avec une vitesse impressionnante. Pourtant, personne n’a la certitude que les coupons des emprunts obligataires sont exemptés de l’augmentation envisagée de la retenue à la source.
Les investisseurs semblent confiants quant à la capacité de ces fonds à réaliser des rendements suffisamment attractifs. C’est un bon signe pour les institutions qui comptent se lancer dans des émissions de dettes. Car il y a du cash en quête d’opportunités de placement.
Une nouvelle vie pour le marché primaire ?
Depuis de longs mois, aucune nouvelle introduction n’a été enregistrée. Il y a eu même deux retraits (Tunisie Valeurs et Hexabyte) et une radiation (ELBENE).
Actuellement, Assurances Maghrebia a lancé les préparatifs pour ouvrir son capital au public. La réussite de cette opération est très importante pour l’ensemble de la Place car elle encouragera d’autres sociétés à initier la même démarche.
Avec la continuité du durcissement des conditions d’octroi de crédits, les opérations de haut de bilans devraient prendre progressivement le relais. Une opportunité à saisir pour la Bourse de Tunis.