L’annonce du gouvernement de compétences est attendue dans les heures qui viennent. Les délais constitutionnels expirent demain 25 août. Et ce, après un long marathon de concertations ayant démarré le 26 juillet dernier.
Le président de la République Kais Saied avait désigné le ministre de l’Intérieur dans le gouvernement sortant Hichem Mechichi (indépendant). Pour la formation du nouveau cabinet, suite à la démission d’Elyès Fakhfakh, aux prises avec une affaire de suspicion de conflit d’intérêts. M. Mechichi a annoncé le 10 août dernier, après avoir rencontré toutes les parties concernées, son option pour un gouvernement de compétences indépendantes.
Car, s’est-il justifié, les discussions avec diverses parties et le climat politique dans le pays lui ont permis de prendre conscience de l’ampleur des divergences entre les acteurs politiques. D’où la difficulté de trouver une formule rassemblant toutes les parties et garantissant un minimum de stabilité politique dans le pays.
Ce choix n’a pas bénéficié du soutien des partis politiques. Dont certains, bien que conscients de la complexité de la situation générale du pays, ont menacé de faire tomber le gouvernement.
Ils ont critiqué « une marginalisation » des partis politiques et un désaveu des résultats des élections. D’autres ont exprimé leur accord de principe de ce choix. Et ce, en attendant le dévoilement du programme du gouvernement et sa composition.
Ennahdha
Parmi les partis opposés à un gouvernement de compétences indépendantes figure en premier Ennahdha (54 élus).
Au cours d’une conférence de presse dimanche à Sfax, le président du mouvement Rached Ghannouchi a déclaré que son parti est théoriquement contre la formation d’un gouvernement de compétences. Ce dernier dénature la démocratie, les résultats des élections et la volonté des électeurs. Il a, toutefois, nuancé que la Choura doit statuer ce lundi sur cette question.
M. Ghannouchi estime que la démocratie c’est la gouvernance des partis et non des compétences.
Qalb Tounès et Al Karama
Qalb Tounès et Al-Karama semblent partager la même incertitude. Le premier a déclaré attendre la composition définitive du gouvernement pour décider. Alors que le deuxième n’a pas émis de position officielle.
Le président du groupe parlementaire de la coalition Al-Karama, Seifeddine Makhlouf a affirmé ce lundi que la coalition, qui rejette l’orientation vers un gouvernement de technocrates, attend de voir sa composition. Pour convoquer une réunion et prendre une position officielle à l’égard du gouvernement proposé.
UPR
Le parti Union populaire républicaine (UPR) a dit rejeter la formation d’un gouvernement de compétences. Ce gouvernement « qui va à l’encontre de l’esprit de la Constitution, du système politique en vigueur et des fondements de la démocratie ».
Attayar
Le conseil national du parti Courant démocrate (Attayar) a décidé de ne pas voter la confiance au gouvernement de compétences.
Dans une déclaration rendue publique lors de son conseil national tenu dimanche à Sfax, Attayar a affirmé son « engagement à jouer son rôle de supervision dans l’opposition. Et ce, de manière constructive et responsable ».
Mouvement Echaab
Cet avis n’est pas partagé par le mouvement Echaab qui forme avec le Courant démocrate le groupe démocratique (38 députés).
Le dirigeant et député d’Echaab, Khaled Krichi, a indiqué qu’a priori son parti a décidé d’accorder la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi. Malgré ses réserves sur le déroulement des concertations.
UGTT et UTICA
L’idée d’un gouvernement de compétences a eu un écho favorable auprès des organisations nationales à l’instar de l’UGTT et de l’UTICA. Outre un certain nombre de partis politiques.
A ce sujet, le président de l’UTICA, Samir Majoul, a mis en avant l’importance de séparer l’économie de la politique. Afin de résoudre les difficultés économiques, financières et sociales que vit le pays depuis des années.
Les groupes parlementaires du PDL (16 élus), La Réforme (16 élus), Al Watania (11 élus) et Tahya Tounes (10 élus) estiment que le gouvernement de compétences est le plus approprié à la conjoncture politique et économique de la Tunisie d’aujourd’hui.
PDL
Le soutien du PDL au gouvernement Mechichi est conditionné par l’éloignement de « l’Islam politique ». C’est ce qu’avait déclaré sa présidente Abir Moussi lors de son entretien avec le chef du gouvernement désigné.
Tahya Tounes
Le président de Tahya Tounes, Youssef Chahed, avait affirmé qu’au regard de la situation délicate que vit le pays, son parti soutiendra ce gouvernement qu’il soit partisan ou apolitique.
Al Watania
Le président du Groupe Al Watania, Hatem Mliki, a appelé à la nécessité de faire preuve de bon sens. Ainsi qu’à éviter la logique des chantages et de se pencher sur l’édification démocratique.
La Réforme
Le président du groupe de La Réforme, Hssouna Nasfi, a affirmé son soutien à un gouvernement de compétences indépendantes. Faisant savoir que le vote en faveur du gouvernement se fera en fonction du programme et des noms proposés.
(Avec TAP)