Ennahdha et son protégé Qalb Tounes finiront par accorder leur confiance au gouvernement de compétences indépendantes proposé par Hichem Mechichi; par pur calcul politique. Car, en cas de refus, ils risquent de payer le prix fort. Et ce, dans l’éventualité d’une dissolution du Parlement, suivie par des législatives anticipées.
Apparemment, certains partis politiques, notamment le mouvement Ennahdha ainsi que Qalb Tounes ne savent plus sur quel pied danser. Ni quelle attitude adopter lors de la plénière du mardi 1er septembre prochain; au cours de laquelle Hichem Mechichi sollicitera le vote de confiance pour son gouvernement proposé de compétences indépendantes.
Choix cornélien
Faut-il s’opposer frontalement à ce gouvernement parrainé par le président de la République; quitte à y laisser des plumes dans l’éventualité de la dissolution du Parlement et des élections législatives anticipées? Ou serait-il plus judicieux de courber momentanément l’échine et avaler la couleuvre; en attendant ce gouvernement « au tournant » pour lui pourrir ensuite la vie? Dilemme cornélien!
Un pas en avant et deux en arrière
Rappelons à ce propos que le mouvement Ennahdha a rejeté dans un premier temps l’idée de Hichem Mechichi de composer un gouvernement de compétences indépendantes en dehors des partis politiques.
Toutefois, le député Samir Dilou a assuré, mardi 25 août 2020, qu’il faudrait appuyer ce gouvernement pour qu’il obtienne le vote de confiance au Parlement.
Dans son intervention hier sur les ondes de Radio Med, Dilou a souhaité l’intégration davantage de compétences partisanes au sein du gouvernement Mechichi. Ainsi, « il aurait été plus judicieux de garder certains ministres du gouvernement d’Elyes Fakhfakh.
Notamment l’ancien ministre de la Santé Abdellatif Mekki. Ainsi que l’ancien ministre des Domaines de l’Etat, Ghazi Chouachi, l’ancienne ministre de la Justice, Thouraya Jeribi ou encore l’ancienne ministre de la Femme et porte-parole du gouvernement Fakhfakh, Asma Shiri. Et ce, pour plus d’efficience et assurer la continuité de l’Etat », a-t-il affirmé
Revenant sur la position de son parti, Samir Dilou a révélé que les avis divergent au sein d’Ennahdha. Tout en réitérant que le conseil de la Choura tranchera sur la question.
Les outrances de Yadh Elloumi
Pour sa part, le député de Qalb Tounes, Yadh Elloumi, a assuré qu’il faudrait soutenir le gouvernement de Hichem Mechichi et lui accorder la confiance dans les plus brefs délais. « Ce gouvernement est celui du président de la République », avance-t-il ironique
Mais ce député au verbe haut et à la rhétorique guerrière n’a pu s’empêcher de s’attaquer aux choix du chef de l’Etat. « Le président de la République a abusé de ses prérogatives. Il a procédé à un coup d’Etat en douce. Il n’a pas été le garant de la Constitution mais l’a plutôt manipulée », poursuit-il.
Et quelle est la faute cardinale de Kaïs Saïed?
« Kaïs Saïed est en guerre pour ses idées et, peut-être, pour d’autres choses. Plus rien ne m’étonne en le voyant aujourd’hui protéger la corruption en la personne d’Elyes Fakhfakh », son ennemi juré « en dépit des soupçons de corruption qui pèsent contre lui ».
Ainsi, lors de son intervention mardi 25 août 2020 sur Shems FM, Yadh Elloumi rappelle à l’occasion que son parti a été éjecté « car nous avons simplement joué notre rôle dans la lutte contre la corruption ».
Pour rappel, ce discours incendiaire est à l’opposé de celui du dirigeant au sein du parti Qalb Tounes Oussema Khlifi, lequel a affirmé qu’il existe « une confiance mutuelle » entre son parti et le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi.
Dans son intervention sur les ondes de Mosaique FM, il a considéré qu’en dépit des réserves émises par son parti vis-à-vis de certains ministères, les élus de Qalb Tounes finiraient par voter en faveur du gouvernement Mechichi. Car « l’intérêt national consiste à faire sortir le pays de la crise socio-économique actuelle », assure-t-il.
Ah bon ! Qalb Tounes s’est-il soucié de « l’intérêt national » quand il s’est jeté corps et âme dans les bras d’Ennahdha en dépit de ses promesses électorales? Certains hommes politiques semblent avoir la mémoire courte… Mais leurs électeurs s’en souviendront…