Alors qu’il avait été écarté par Hichem Mechichi de son équipe gouvernementale. Walid Zidi a été reçu avec les honneurs; et ce, le jour même, au Palais de Carthage. Maladresse ou provocation délibérée de la part de Kaïs Saïed?
Mais à quoi joue le président de la République en prenant à contre-pied le chef du gouvernement qu’il a choisi lui-même contre vents et marées et à la barbe des partis politiques représentés à l’hémicycle? Car, écarté le matin de l’équipe gouvernementale proposée, Walid Zidi a été reçu l’après-midi au Palais de Carthage, en grandes pompes!
Pour rappel, le chef du gouvernement désigné Hichem Mechichi décidait de remplacer Walid Zidi, ministre proposé pour les Affaires culturelles. Et ce, hier jeudi 27 août 2020.
Une décision motivée par les états d’âme exprimés par ce dernier, lequel disait préférer l’enseignement à l’université à un portefeuille ministériel.
Tergiversions
En effet, M. Zidi avait écrit, hier jeudi, sur sa page Facebook « qu’il pourrait se désister du poste qui lui a été proposé. Mais qu’il n’a pas encore pris de décision dans ce sens ».
Entre-temps, il s’est rétracté en annonçant dans la soirée même avoir décliné le portefeuille des Affaires culturelles. Mais que son retrait n’était pas définitif.
Troisième acte de ce feuilleton: il modérait ensuite le statut en question. En ajoutant le mot « probablement ». Pour exprimer l’éventualité de son désistement.
Coup de théâtre
Et c’est donc dans l’ordre des choses que devant tant d’inconsistance et d’indécision, il fut ipso facto remplacé ce matin du jeudi 27 août. Hichem Mechichi, le chef du gouvernement jugeant intolérable « d’hésiter à servir la patrie et répondre à l’appel du devoir ».
Une attitude somme toute logique. Elle démontre le caractère trempé de Mechichi.
Or, coup de théâtre, et à la surprise générale, le professeur universitaire fut reçu l’après-midi au palais de Carthage en sa qualité de ministre proposé aux Affaires culturelles!!
Pis encore. Le Président de la République exprimait clairement « son soutien inconditionnel et sa confiance totale » à la nomination de Walid Zidi. Se disant confiant dans sa capacité à assumer cette responsabilité. Et ce, en raison de ses qualités de persévérance et de courage. Puisque « la déficience visuelle n’est nullement un obstacle à la recherche des connaissances et de l’excellence. L’être humain peut perdre la vue, mais pas la clairvoyance », s’est écrié Kaïs Saïed.
Seul maître à bord
Comment expliquer ce couac au sommet de l’Etat à quelques jours de la date du 1er septembre où Hichem Mechichi sollicitera le vote de confiance sous le dôme du palais du Bardo?
Et pourquoi le chef de l’Etat cherche-t-il, contre toute logique, à ébranler l’autorité du chef du gouvernement qu’il avait désigné lui-même; sachant que certains partis politiques à l’instar d’Ennahdha l’attendent au tournant?
Cherche-t-il à prouver qu’il est le seul maître à bord et que le chef du gouvernement n’est qu’un « collaborateur »? Hichem Mechichi appréciera.
« Je décide, il exécute », disait Jaques Chirac à propos de son ministre de l’époque… Un certain Nicolas Sarkozy!