Le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, sera-t-il lâché par le président de la République; et ce, lors de la plénière du demain 1er septembre? En tout cas, il parait que le courant ne passe plus entre les deux hommes. Récit d’un désamour au sommet de l’Etat.
A la veille du jour J, où le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, sollicitera le vote de confiance à l’hémicycle, la tension entre les trois sommets de l’Etat est à son comble. Ce qui laisse présager une configuration politique inédite, avec des alliances inattendues et mouvantes au sein de ce trio infernal.
Triangle des Bermudes
Car l’on s’attendait à un bras de fer d’une part entre le couple Kaïs Saïed- Mechichi et Rached Ghannouchi avec sa double casquette de président du Parlement et de leader d’Ennahdha, d’autre part.
Or, divine surprise, on s’oriente vers l’éclatement de ce couple. Avec un surprenant rapprochement entre le président de la République et le cheikh de Montplaisir. Et ce, au détriment de Mechichi censé être « l’homme du président ». Allez comprendre!
Sinon comment expliquer que le chef de l’Etat ait reçu le 28 août courant tour à tour, dans la même journée le chef du gouvernement sortant Elyes Fakhfakh et Rached Ghannouchi. Tout en fermant les portes du palais de Carthage au nez de Mechichi. Alors que ce dernier n’avait cessé de solliciter une audience?
Et comment expliquer le revers infligé au chef du gouvernement désigné dans le feuilleton de l’universitaire malvoyant Walid Zidi pressenti au poste de ministre des Affaires culturelles. Lequel était rayé de la liste pour ses tergiversations, avant d’être reçu à Carthage avec les honneurs et confirmé dans ses fonctions?
Et que dire de l’imbroglio concernant le nom du ministre de l’Equipement et de l’Habitat. Le tout laissant une amère impression d’amateurisme et surtout d’interférence dans la formation du cabinet ministériel. Avec la patte évidente de la très influente directrice du cabinet présidentiel, Nadia Akacha, femme de l’ombre et semble-t-il faiseuse de rois?
Machiavélique
Par conséquent, tout porte à croire que Kaïs Saied, pour une raison qu’on a du mal à saisir, l’homme étant imprévisible, cherche à faire tomber le gouvernement Mechichi lors de la plénière du 1er septembre.
D’ailleurs, selon des rumeurs persistantes, le Président aurait donné son feu vert au président d’Ennahdha Rached Ghannouchi. Et ce, lors de leur dernier entretien à Carthage, pour voter contre le gouvernement Mechichi. Tout en lui garantissant qu’il n’aura pas recours à l’arme de la dissolution de l’ARP ni aux élections législatives anticipées, grande terreur des islamistes.
Entre temps, le chef du gouvernement sortant continuera expédier « les affaires courantes ». Ce qui expliquerait l’allusion à la « continuité de l’Etat », la phrase énigmatique prononcée par le Président lors de son dernier entretien avec Elyes Fakhfakh.
Mais à quoi servirait ce vide constitutionnel, sinon à consolider la position du président de la République; en tant que maître du jeu et seul maître horloger de la scène politique.
Et que penser de l’annonce faite hier dimanche par le député du bloc Qalb Tounes, Iyadh Elloumi sur les ondes de Radio Med? En effet, il déclarait que Rached Ghannouchi aurait fait savoir au bureau politique d’Ennahdha lors de sa dernière réunion, que le président de la République lui a demandé de faire tomber le gouvernement Mechichi lors du vote à l’ARP. En contrepartie, il garantit qu’il ne dissoudra pas le Parlement.
Troublant…