Alors que la polémique autour du nouveau décret gouvernemental autorisant l’emballage du ciment dans des sacs en plastique fait encore rage, le média en ligne « Nawaat » a projeté en avant-première, mercredi soir, au cinéMadart à Carthage, un documentaire à ce sujet.
Ce dernier intitulé « Plasticratie », qui se veut une invitation à une prise de conscience collective quant à l’impact du plastique sur l’environnement et la santé humaine.
Comme son intitulé l’indique, ce documentaire réalisé par le jeune réalisateur Hamadi Lessoued et soutenu par la fondation allemande Heinrich Böll Stiftung, met l’accent sur l’emprise du plastique sur nos vies quotidiennes.
Fabriqué principalement à partir du pétrole, ce produit, que nous consommons à outrance, est omniprésent dans tous les objets du quotidien, allant des sacs à usage unique et des bouteilles d’eau, jusqu’aux aliments.
Dans son documentaire qui donne la parole à des environnementalistes et des scientifiques, Hamadi Lessoued a reconstitué les différentes étapes du cycle de vie d’une matière plastique ( fabrication, consommation et élimination) dans l’objectif de nous démontrer que ce produit, une fois jeté, finit à nouveau dans nos assiettes.
En effet, les déchets plastiques que nous rejetons dans la nature se fragmentent et se transforment en microplastiques qui sont, par la suite, absorbés par les poissons et les végétaux que nous consommons, ce qui met en péril notre santé.
Selon les experts interviewés dans le cadre de ce film documentaire, seuls 4% des déchets plastiques sont recyclés en Tunisie. Le reste finit dans la nature et sur notre table. A en croire Essia Guezzi, environnementaliste et activiste de la société civile, nous ingérons, en moyenne, 5 g de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit.
Plaidoyer pour un éveil de la conscience écologique
« Plasticratie » est un documentaire édifiant qui nous incite à réfléchir sur les petits gestes simples à adopter au quotidien pour rationaliser notre consommation en plastique. Il est, par exemple, possible de remplacer le sac en plastique à usage unique par notre bon vieux couffin traditionnel et de privilégier l’utilisation des bouteilles en verre.
Ce film nous pousse également à éveiller la conscience écologique qui sommeille en chacun de nous. Ainsi, tous les acteurs de la chaîne de valeur du plastique, allant du simple consommateur, en passant par les industriels jusqu’à l’Etat sont appelés à assumer pleinement leurs responsabilités afin de trouver d’autres alternatives favorables à l’environnement.
La Tunisie demeure le 4e consommateur de produits en plastique par habitant dans la région méditerranéenne, selon le Fonds Mondial pour la Nature (WWF). Notre économie accuse chaque année, environ 20 millions de dollars de pertes, en raison de la pollution plastique.
En janvier 2020, la Tunisie a fait un pas encourageant dans la lutte contre le plastique, en adoptant un décret gouvernemental interdisant l’usage des sacs à bretelle en plastique. Or, à défaut de renforcer cette loi en engageant une réforme du système de collecte et de valorisation du plastique, le gouvernement sortant a publié, en août dernier, dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT) un décret autorisant l’ empaquetage du ciment dans des sacs en plastique.
Cela a provoqué un tollé général sur la Toile et attisé la colère des écologistes et de certains députés qui sont allés jusqu’à déposer une plainte auprès du Tribunal administratif pour annuler cette décision qu’ils ont qualifiée de « désastreuse » pour l’environnement.
En attendant l’issue finale de cette affaire, citoyens, députés et composantes de la société civile continueront leur bataille pour nous libérer du joug du plastique, cet ennemi farouche.
Avec TAP