A l’issue de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement, le président de la République a prononcé une vraie diatribe contre certains députés de l’ARP. Et ce, pour fustiger les « fatwas, l’ignorance et la bêtise » des uns et des autres.
On s’attendait à ce que le président de la République, Kaïs Saïed, prononce un discours classique à la fin de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement. Et ce, pour tracer la feuille de route au nouveau gouvernement, tout juste investi par l’ARP.
Mais, surprise et sentiment grandissant de malaise, on a eu droit à un discours incendiaire contre les déclarations faites par certains députés, notamment par le président du Parlement. Et ce, lors de la séance plénière consacrée au vote de confiance.
« Des ignares et des crétins »
Visiblement en colère, visage tendu, le ton martial, le chef de l’Etat a tiré à boulets rouges sur ceux qui ignorent l’esprit de la Constitution. Et ceux qu’il a qualifiés d’ignares et d’imbéciles. « Certains ne comprennent rien, ils seront expulsés de l’école primaire à cause de leur stupidité et de leurs mensonges. Certains ne méritent pas le respect mais le mépris ».
Bigre, le président ne fait pas dans la dentelle en traitant de la sorte son ancien adversaire aux élections présidentielles, sans le nommer directement.
« Fatwas et mensonges »
D’autre part, et en réaction à la déclaration de Rached Ghannouchi au micro de Mosaique FM, dans laquelle il soutient que « le Parlement est la source du pouvoir en Tunisie, c’est lui qui accorde et qui retire la confiance »; le président de la République, qui avait à maintes reprises martelé que la Tunisie n’a qu’un seul président, a taclé le cheikh de Montplaisir.
« Hier, certains émettent des Fatwa et des mensonges, tout droit sortis de leur imagination et de leur esprit malade. En plus de se prétendre savants, ils revendiquent la connaissance du savoir. Pour ma part, j’ai respecté la Constitution les institutions même si certains ne méritent pas ce respect », a-t-il souligné. Avant d’ajouter, solennel, « je ne tolérerai aucune partie ayant menti et émis des fatwas dans la Constitution ».
L’attaque est frontale et ne fera qu’attiser la tension déjà palpable entre le palais du Bardo et Carthage.
Devoir de réserve?
Dans un autre volet, le Chef d’Etat a assuré être au courant des « tractations qui ont eu lieu à l’abri des regards et les accords qui ont été conclus ». Soulignant que « le jour viendra où il parlera franchement de trahisons, de fausses promesses et de la félonie de ceux qui se sont jetés dans les bras du sionisme et du colonialisme ».
Mais quand Monsieur le Président? Et pourquoi se taire d’autant plus qu’en en sa qualité de chef des Armées et président du Conseil de sécurité nationale, il est au courant de tout et sait tout ce qui trame dans le pays.
De qui et de quoi a-t-il peur? A moins d’avoir les mains liées par l’obligation de réserve due à sa fonction.
Enfin, le chef de l’Etat a-t-il eu raison de tourner une cérémonie de prestation de serment en une vindicte publique contre ses détracteurs?
La réponse est non, car en ce jour d’investiture du nouveau gouvernement, les Tunisiens ont besoin d’un message d’espoir. Ce n’est ni le moment ni l’endroit…