Chawki Tabib a fini par se résigner à jeter l’éponge. Entre- temps, l’ancien président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) a publié un communiqué. Il y explique sa décision, prenant l’opinion publique à témoin.
Alors, lui a-t-on forcé la main ou a-t-il pris sa décision de son propre gré? Toujours est-il qu’après avoir tout fait pour se raccrocher à son poste, pris l’opinion publique à témoin, déposé un recours auprès du Tribunal administratif, refusé l’accès de son successeur à son bureau et même lancé un appel de détresse au président de l’ARP, l’ancien président de l’INLUCC; Chawki Tabib a finalement jeté l’éponge. Il a accepté la passation de pouvoir avec le nouveau président Imed Boukhris.
A cet égard, notons qu’Imed Boukhris occupait le poste de procureur général près la Cour de Cassation. Il a prêté serment, mercredi 2 septembre, devant le président de la République. Mais jeudi, il déclarait avoir été empêché de prendre ses fonctions à la tête de l’INLUCC. Et ce, à cause « du refus de Chawki Tabib de la décision de sa révocation ».
Volte-face
Car, Chawki Tabib avait affirmé qu’il ne quittera pas son poste avant que le Tribunal administratif ne statue sur son recours. D’ailleurs, il confirmait, dans un communiqué rendu public, hier jeudi, avoir pris contact avec le nouveau président de l’instance. Et ce, pour rendre facile sa nouvelle mission « de la manière la plus simple et selon ce qu’exige la loi ».
En effet, dans une lettre adressée à l’opinion publique le même jour, Tabib expliquait qu’un recours contre la décision de la révocation avait été déposé auprès du Tribunal administratif. Et ce, par le bâtonnier des avocats Brahim Bouderbala, au nom d’anciens bâtonniers et d’un groupe d’avocats; afin de demander un sursis à exécution.
Ainsi, Chawki Tabib explique le report de la passation avec son successeur. Par l’attente de la publication d’une décision du Tribunal administratif de reporter ou de suspendre la décision de limogeage.
Acte de vengeance?
Puisqu’il est clair aux yeux de l’intéressé que sa révocation a été motivée par le transfert par l’INLUCC au Ministère public de dossiers. Lesquels concernent un conflit d’intérêts et des suspicions de corruption qui visaent personnellement le chef du gouvernement de gestion des affaires courantes, Elyes Fakhfakh.
Par conséquent, le recours déposé contre la décision de sa révocation ne constitue pas un attachement au poste. « Mais vise à barrer la route devant le pouvoir exécutif. Pour qu’il n’exploite pas son pouvoir et porte atteinte à l’indépendance des instances publiques indépendantes ». C’est ce qu’indique la même source.
« Violation de la loi et de la Constitution »
Par ailleurs, contacté par notre confrère le quotidien La Presse, le juge administratif à la retraite Ahmed Souab, est d’avis que la décision de démettre Chawki Tabib « viole la loi et la Constitution ». Puisque le décret-loi-cadre portant création de l’INLUCC « octroie un mandat à son président qu’on ne peut pas interrompre; sauf en cas de faute ou dépassement majeur ou en situation de dysfonctionnement manifeste ».
« Cette décision constitue une violation pour les dispositions de la Constitution qui garantissent les principes d’indépendance des instances nationales et de la séparation des pouvoirs ».
De plus, le Chef du gouvernement démissionnaire a « spolié les prérogatives de la Cour des comptes. En ce qui concerne la mission de contrôle de la gestion financière et administrative de l’Instance ». Tel est le témoignage d’Ahmed Souab.