Dix ans après le 14 janvier, les difficultés socio-économiques se sont aggravées. Pour cause: une instabilité politique endémique. Aujourd’hui, le pays s’enfonce, la grande question est de savoir comment se redresser et revenir à un équilibre où les Tunisiens retrouvent un pouvoir d’achat digne de leurs attentes. Ainsi qu’ un transport décent et tout ce qui s’ensuit sur le plan de la santé, de l’éducation… Karim Baklouti Barketallah , analyste politique et membre du bureau exécutif du parti Tahya Tounes, dresse un état des lieux.
Selon lui, » une telle ambition nécessite une vision accompagnée d’un plan stratégique. Et cela ne doit en aucun cas être une illusion. Alors attendons voir les prochains jours… Dix ans après, le pays végète, le pays souffre, le pays s’appauvrit, la corruption devient religion, le clientélisme culture, le banditisme et l’impunité monnaie courante. »
Et d’ajouter: « Dix ans après, alors que nous avions tous les moyens pour faire de notre pays une nation prospère, tellement le monde entier était tout disposé à accompagner cette démocratie naissante, nous voilà en train de continuer à nous partager un pouvoir en mille morceaux. En train de nous battre sur notre identité et hisser aux avant-postes des partis politiques, les plus immoraux et les plus égoïstes des personnages. »
Un constat amer. Car il estime selon lui, que le pays a perdu toute crédibilité aux yeux du monde. Tout en ajoutant: « Il a perdu beaucoup de nos acquis et une grande partie de notre souveraineté nationale.Ce bilan, tout le monde le connaît. Personne ne le conteste. ».
« Le Président se voit obligé de crier aux malversations »
Et de poursuivre: « Aujourd’hui, nous avons un Président élu à 70%, un Président qui aurait pu faire l’unanimité. Qui aurait pu, fort de son poids électoral, rassembler et mettre enfin le pays sur la voie du labeur. Mais le voilà obligé de crier aux malversations, aux manipulations, aux magouilles et au désintérêt des détenteurs du pouvoir qui ne pensent qu’à leurs intérêts propres. Sur le fond, le Président n’a pas tort. »
Par ailleurs, Karim Baklouti Barketallah revient sur le discours du Président de la République Kaïs Saïed où il dénonce ce que tout le monde sait…
Il ajoute: « Il dénonce ces accords du « tu me donnes je te donne », « on enfonce un tel et on remonte un autre » … Il dénonce ce jeux sales que nous vivons depuis dix ans et qui ont mis le pays à genoux. Il dénonce à sa façon. Une manière guerrière, violente et vindicative qui enfoncera encore plus le pays dans la crise et dans la division. »
Avant de poursuivre: « On lui en veut , on se moque de lui, mais sur le fond, l’homme n’a pas tort. Il dénonce mais en même temps, il n’a aucun sens politique. Aucune mesure. Capable de mettre le feu au pays s’il le faut. »
Karim Baklouti Barketallah souligne pour sa part que « le président de l’ARP a fait du parlement un lieu où il choisit les lois qui doivent passer et celles qui ne passeront jamais pour affaiblir à chaque fois un gouvernement qu’il veut réduire à manger dans la paume de sa main.Pendant ce temps, une à une, nos entreprises publiques tombent en faillite appelant l’Etat à renflouer les caisses pour payer les salaires. Nos maigres ressources énergétiques s’épuisent et ne sortent plus de sous terre, tellement les problèmes ont été mal abordés. Chaque gouvernement passant la patate chaude à l’autre . »
Indépendamment du constat amer de la situation du pays, la grande question essentielle est de savoir si la Tunisie pourra-t-elle se relever?
A cette interrogation, Karim Baklouti Barketallah conclut: « Je crains hélas que non avec cette classe de dirigeants et cette mentalité de prédateurs ».