Le Coronavirus a fait ce qu’aucun modèle de simulation économique à ce jour n’a pu faire ou même suggérer. Tous les stress test prédéfinis, revus, corrigés n’ont jamais imaginé un tel séisme économique du simple fait d’un virus. Ce séisme a touché également d’une manière aussi inattendue que la boule de neige de la maladie, la géoéconomie et la géopolitique.
L’Europe a finalement compris que se mettre en file moutonnière au pied des deux plus grands ateliers du monde. La Chine et l’Inde était une très mauvaise idée et qu’aujourd’hui, il faut revoir les fondamentaux et penser en termes de premier, de deuxième et de troisième cercles et zones d’influence.
Le modèle des flux, de sous-traitance de proximité, de quick order sont repensés. Heureux seront les pays qui auront mis tout leur savoir-faire et intelligence pour vendre au mieux leur potentiel.
D’un point de vue diplomatique cela s’appelle la Diplomatie économique. Des pays comme le Maroc, l’Egypte, le Sénégal et d’autres pays subsahariens l’ont compris. Eux qui ont intégré une dose maximale d’économie au premier niveau de leurs chancelleries dans les pays importants.
En Tunisie, notre Diplomatie économique est dénuée d’économie. D’économistes et de gens qui ont toujours été proches des milieux d’affaires, contrairement à nos concurrents.
« Heureux seront les pays qui auront mis tout leur savoir- faire et intelligence pour vendre au mieux leur potentiel »
Si avec une telle charge administrative, notre politique étrangère, déjà en perdition sur le plan politique pure, compte se faire une place au soleil. Dans le domaine de l’attractivité économique. Cela relève de l’utopie. Il faudrait, rapidement, revoir totalement la copie qui vient d’être rendue. Et qui n’est, heureusement, pas encore validée par le Président de la République. Des profils tout à fait administratifs pour conquérir le nouvel ordre de la région et du monde, économique, lui, par essence.
Voilà toute l’incohérence de cette copie alors que le pays pullule de compétences très au fait de l’économie, des finances, des systèmes bancaires et des nouveaux enjeux et systèmes économiques dans la région.
Ce sont ces personnes là qui pourront apporter le contre-poids à la démarche réfléchie en matière de diplomatie économique suivie par des pays comme le Maroc et ceux cités plus haut qui sont, dorénavant, représentés par des profils nouveaux dont la liste présentée par notre Ministère des Affaires Etrangères en est totalement dénudée.
Alors au nom de la discipline administrative, peut-on sacrifier l’opportunité qui nous permet de replacer la Tunisie et ses atouts économiques, finement proposés, au centre de ce nouvel ordre qui se met en place ?
Franchement non. Il y va de centaines de milliers d’emplois en jeu pour les années à venir.