Il a été fin à la mission du Représentant permanent de la Tunisie auprès des Nations unies et du Conseil de sécurité, Kaïs Kabtani. Quelles pourraient être les raisons de son limogeage ?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon, en Allemagne et à Séoul, apporte son éclairage. Il précise dans ce contexte: « Après Moncef Baati, c’est au tour de Kaïs Kabtani d’être limogé en l’espace de quelques mois de la représentation tunisienne auprès de l’ONU et du Conseil de Sécurité. Dépité, l’ambassadeur Kais Kabtani aurait, selon le Figaro, décidé de quitter la diplomatie tunisienne. »
Rappelons que selon le média français Kais Kabtani aurait déclaré à l’AFP » : Je quitte la diplomatie tunisienne, c’est une question d’honneur, de principe ».
Ces limogeages de représentants permanents de la Tunisie à New York au bout de quelques mois, à quoi sont-ils dus ? A cette interrogation, Elyes Kasri répond que cela ne fait que commencer car la présence de la Tunisie au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent a mis à nu la grande méconnaissance du Président Kaïs Saïed et son entourage des relations internationales.
Et de poursuivre: »Ainsi que l’incapacité de la diplomatie tunisienne de faire face aux tiraillements et pressions contradictoires auxquels se trouve soumise la Tunisie dans une phase d’instabilité politique intérieure et de multiplicité des décideurs ou prétendus tels dans les relations internationales. Surtout qu’en plus des subtilités traditionnelles du Moyen-Orient, la tournure des événements en Libye rapproche la Tunisie de l’oeil du cyclone qui se profile à l’horizon avec une Turquie expansionniste et des pays riverains des deux rives de la Méditerranée qui se mobilisent pour calmer les ardeurs islamo-ottomanes de l’axe Turquie- Qatar et de la cinquième colonne islamiste ».
Une image pitoyable de la diplomatie tunisienne
Et d’ajouter: « Comme les candidats à la succession de l’ambassadeur Kaïs Kabtani ne semblent pas se bousculer pour aller au Conseil de sécurité aux Nations Unies à New York (certains auraient refusé ce poste normalement prestigieux), la valse des représentants permanents n’est pas près de s’achever. Et ce, d’autant plus qu’il devra rester à son poste au Conseil de sécurité jusqu’à la fin de mon mandat. Soit 15 mois supplémentaires ! Toujours est-il que cela renvoie une image pitoyable de la diplomatie tunisienne jadis considérée comme une référence parmi les pays émergents ».
Elyes Kasri estime qu’en diplomatie, comme dans tout service public en Tunisie, il y a des marins d’eau douce et vaseuse (de plus en plus nombreux) et des marins de haute mer, une espèce qui serait, selon toute apparence, en voie d’extinction par voie « naturelle » (ex: refus de maintien dans le service public) ou à coups de mise à l’écart, d’intimidations et de purges.
Rappelons que Kaïs Kabteni a été nomme comme étant le Représentant permanent auprès des Nations Unies à New York en avril de cette année après le limogeage de son prédécesseur Moncef Baati.