La Turquie entreprend des forages à proximité de la partie orientale des îles grecques. Pour ce faire, elle a dépêché des navires militaires pour accompagner son navire d’exploration gazière sous-marine.
Dans ce contexte, Athènes appelle Ankara à cesser immédiatement ses actions illégales. Lesquelles violent sa souveraineté et menacent la paix et la sécurité en Méditerranée.
Car, la Turquie tente d’asseoir son influence en Méditerranée orientale. Tout en s’installant en Tripolitaine, dans le cadre de sa volonté de réactualiser son expansion ottomane. La Grèce et Chypre protestent contre l’atteinte à leur souveraineté. Elles ont mis leur marine en état d’alerte.
Par ailleurs, le président français dénonçait jeudi 23 juillet 2020 la violation des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie en Méditerranée orientale. Sur fond de regain de tension entre Athènes et Ankara. En recevant à l’Élysée son homologue chypriote Nicos Anastasiades. Ainsi, il exprimait sa solidarité avec la Grèce et Chypre. Et ce, face à Ankara qui multiplie les actions pour augmenter son influence dans la région ces dernières semaines. La France a donc réuni une conférence des pays sud européens, à Ajaccio, le 10 septembre. Au cours de ce sommet du Med7, Emmanuel Macron a notamment affirmé que la Turquie n’était « plus un partenaire« .
Toutefois, il précisait que « la France n’avait rien contre le peuple turc; mais contre Erdogan ou le gouvernement d’Erdogan. » Réaction immédiate du président Erdogan qui appelle Emmanuel Macron à ne pas « chercher querelle à la Turquie ».
Ainsi, il se positionne dans une posture anticolonialiste, anti-impérialiste, toute cette litanie classique de l’islamo-nationalisme qu’il mobilise pour son électorat. « Ce dialogue que les deux parties, Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan personnalisent un peu trop ». C’est ce qu’estime le politologue Ahmet Insel, auteur de La Nouvelle Turquie d’Erdogan, sur Franceinfo, dimanche 13 septembre.
Puis, il développe: « C’est un discours, un message avec beaucoup de démonstration de force physique. Mais pour son public intérieur, pour le galvaniser, parce qu’il en a besoin. »
Le scénario grec
Alors, une bataille navale entre Turcs et Grecs est-elle à l’ordre du jour? Puisque la Turquie engage une politique d’intimidation. Déjà le 5 septembre, Recep Tayyip Erdogan disait aux Grecs et aux Chypriotes: « Ils vont comprendre que la Turquie est assez forte politiquement, économiquement et militairement; pour déchirer les cartes et les documents immoraux. »
En outre, sur le terrain cet été, les deux parties ont déployé leurs plus beaux navires de guerre et leurs avions de combat. La France, alliée de la Grèce et de Chypre, a envoyé une frégate aux côtés d’Athènes. Ce qui n’a pas franchement contribué à calmer l’agressivité d’Ankara. En conséquence, ce face à face suscite une politique d’armement de la Grèce qui décide d’acheter douze avions rafales à la France.
Et ne voilà-t-il pas que contre toute attente, la Turquie met fin à la crise. Elle a retiré son navire de forage. Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain a sifflé la fin du jeu. En effet, les Etats-Unis restent « profondément préoccupés par les actes de la Turquie en Méditerranée orientale, déclare-t-il. « Les pays de la région doivent surmonter leurs désaccords. Notamment sur la sécurité, les ressources énergétiques et les questions maritimes; par des moyens diplomatiques et pacifiques », poursuivit Mike Pompeo.
« L’aggravation des tensions militaires n’aide personne d’autre que les adversaires qui souhaiteraient voir l’unité transatlantique se fissurer’’, ajoute-t-il. L’intervention américaine s’explique par une crainte de dissension au sein de l’Otan et de l’entrée de la Russie sur scène. Pouvait-on espérer l’application de ce scénario en Libye, pour annihiler la politique néo-ottomane qui menace la région?