Les accords conclus, hier mardi, sur la majoration du SMIC pour le secteur privé. Et les augmentations salariales au profit de la fonction publique. Toutes ces mesures annoncent un nouveau « partenariat » entre le chef du gouvernement Hichem Mechichi et l’UGTT. Un partenariat basé sur le principe du win to win.
Alors, allons-nous vers un « partenariat consensuel » doublé d’une sorte d’alliance cachée? Et ce, entre le chef du gouvernement Hichem Mechichi et le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Tabboubi?
Deal politique?
En effet, la question est loin d’être anodine. Quand on se rappelle que M. Mechichi a tout intérêt à s’adosser à la puissante centrale syndicale. En l’absence de « ceinture politique » censée être assurée par les partis politiques représentés au Parlement. Et ce, en vue d’une trêve sociale; en échange d’une meilleure compréhension des préoccupations réelles des affiliés de l’UGTT de la part du gouvernement.
S’agit-il donc d’un deal politique qui se profile à l’horizon; où chacun trouve son compte sur la base du donnant-donnant?
Ainsi, une phrase d’Hichem Mechichi est passée inaperçue. Il la prononçait lors de la rencontre entre les deux hommes le 12 septembre 2020 à la Kasbah. « L’approche du gouvernement repose sur la mise en place d’une formule consensuelle, permettant de partager les charges. En attendant l’amélioration des situations économiques et sociales du citoyen », déclarait-il.
« Relations exceptionnelles »
Effectivement, trois jours plus tard, le chef du gouvernement a mis l’accent sur les « relations exceptionnelles » entre le gouvernement et la centrale syndicale. Soit le mardi 15 septembre, à l’occasion de la première séance de dialogue entre le gouvernement et le bureau exécutif de l’UGTT. Mechichi a assuré que cette relation doit dépasser le stade de la coopération pour atteindre un « véritable partenariat ». Et ce, en raison du rôle de la centrale syndicale capable de créer un « climat social paisible ». Le mot est prononcé.
Attitude aussi conciliante de la part du secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi. Lequel a indiqué que la centrale syndicale demeure une force de proposition pour le gouvernement. Il a souligné à l’occasion « que ses bras sont tendus pour aider le gouvernement dans cette conjoncture économique délicate dans le pays ».
Le patron de l’UGTT a également évoqué plusieurs dossiers dont, principalement l’augmentation du Smic, l’accord sur la troisième tranche des augmentations salariales dans la fonction publique, ainsi que l’emploi précaire.
Majoration du SMIG
Concrètement, et à l’issue de cette séance de dialogue, il a été convenu d’annoncer dans les prochains jours une majoration du Salaire minimum garanti (SMIG) dans le secteur privé.
Dans une vidéo diffusée par la présidence du gouvernement, Hfaiedh Hfaiedh, le secrétaire général adjoint de l’UGTT a indiqué que le ministre des Affaires sociales, après concertations avec les parties concernées, émettra un décret portant majoration du SMIG.
Augmentations salariales
En parallèle, le responsable syndical a fait savoir dans une déclaration sur les ondes de Mosaïque FM, tard dans la soirée du mardi 15 septembre, qu’un accord a été conclu par le gouvernement. Et ce, pour le versement de la troisième tranche des majorations pour la fonction publique. Il sera publié au Journal officiel à la fin de cette semaine. De plus, cette augmentation sera versée avec un effet rétroactif à partir du mois d’août 2020.
Or, si tout le monde s’accorde à penser que la majoration du SMIG dans le secteur privé est tout à fait légitime et souhaitable. On est en droit de s’interroger sur l’opportunité et surtout le timing de l’augmentation salariale pour la fonction publique. Alors que l’économie tunisienne souffre le martyre. Avec une chute de la croissance à -21,6% en glissement annuel et une baisse inédite du PIB, due au confinement.
Toutefois, croisons les doigts pour que l’énarque Hichem Mechichi gère cette situation compliquée… en bon père de famille.