« Un enfant né, aujourd’hui, dans la région MENA n’atteindra à l’âge adulte que 57% des capacités productives qu’il ou elle aurait pu accumuler; en ayant bénéficié d’une éducation complète et d’une parfaite santé ». Tel est l’avertissement que lance, ce jeudi, la Banque mondiale.
En effet, la BM précise que les performances des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en termes de capital humain, sont très disparates. Et ce, en fonction du niveau de revenu; mais aussi de l’exposition à la fragilité et au conflit. C’est ce qui ressort du rapport consacré à l’indice de capital humain 2020. Dans lequel la Tunisie maintient son ancienne position (0.52).
Ainsi, « les États les plus riches du Conseil de coopération du Golfe (CCG) affichent des valeurs supérieures (indice HCI situé entre 0,56 et 0,57); distançant les pays en situation de conflit, comme le Yémen (0,37) et l’Iraq (0,41) ». C’est ce que soulignent les auteurs du rapport.
Et d’ajouter que l’indice de certains pays comme la Tunisie, la Jordanie et le Koweït n’a pas évolué. Alors que certains pays tels que les Émirats arabes unis, le Maroc et Oman améliorent leurs performances depuis dix ans. « Globalement, et à niveaux de revenu identiques, les pays MENA obtiennent de moins bons résultats sur le plan du capital humain, que les pays d’autres régions ». C’est ce qu’indique le rapport.
En effet, l’indice 2020 calcule le niveau attendu de productivité des futurs travailleurs. Puis il propose un instantané des performances sur le plan du capital humain, juste avant la survenue de la pandémie de coronavirus (COVID-19). D’après la BM, cet indice établit une référence pour suivre l’évolution du capital humain et apporte des éléments concrets. En appui à la définition de politiques de protection des populations et d’investissement dans leur avenir, pendant la pandémie et au-delà.
« Alors que la pandémie risque d’anéantir les fragiles progrès du développement humain, les pays MENA doivent se mobiliser davantage. Pour améliorer l’efficacité des investissements dans leurs populations ». C’est ce que souligne Ferid Belhaj, vice-président de la BM pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Et d’ajouter qu’« en plus d’aider tous ceux qui en ont besoin, pendant et après la pandémie, nous nous engageons à accompagner les pays MENA. Pour qu’ils puissent récupérer ces gains durement acquis, les consolider et les étendre. »
Car, selon le rapport, l’utilisation du capital humain existant reste problématique dans la région MENA. Les pays ne parvenant pas à traduire les compétences et le potentiel productif de pans entiers de leur population en croissance économique.
D’ailleurs, la valeur moyenne du HCI pour la région MENA baisse de plus d’un tiers (de 0,57 à 0,32). Et ce, lorsque l’indice prend en compte la part de la population d’âge actif effectivement employée.
À cause du faible taux de participation des femmes à la population active. Et en particulier parmi les diplômées de l’enseignement supérieur. Les pays MENA et notamment ceux du CCG, affichent le plus grand écart de taux d’utilisation hommes/femmes. Le fort taux de chômage des jeunes explique la sous-utilisation du capital humain. De même que les tensions sociales en de nombreux points de la région.
Effectivement, dans certains pays, les écarts hommes-femmes restent importants. L’indice de capital humain pour les hommes (0,55) est plus faible que pour les femmes (0,59) au niveau régional et dans la plupart des pays MENA.
Ces différences sont à imputer essentiellement aux moins bons résultats éducatifs des garçons. Les filles accomplissant plus de la moitié d’une année supplémentaire de scolarité ajustée en fonction de l’apprentissage par rapport aux garçons (8,0 contre 7,4).
De même, la directrice régionale pour le développement humain à la Banque mondiale, Keiko Miwa, apporte des précisions. Elle affirme que « malgré les progrès obtenus depuis dix ans, les résultats de l’indice de capital humain 2020 montrent que les pays MENA ont encore beaucoup à faire; et ce, pour améliorer leur niveau de capital humain, son utilisation et l’égalité entre les sexes ».
Et d’ajouter que « la pandémie crée des risques. Mais elle pourrait aussi être l’occasion de reconstruire en mieux le capital humain des pays MENA.
Enfin, notons que l’indice de capital humain mesure et compare les principales composantes du capital humain à l’échelle de la planète. A savoir: la somme de connaissances et de compétences; et la santé qu’un individu accumule tout au long de sa vie. La mise à jour 2020 de l’indice de capital humain intègre les toutes dernières données disponibles. Et ce, pour 174 pays, soit 17 pays de plus que dans l’édition 2018. Elle s’appuie sur des séries de données nouvelles et enrichies pour chacune des dimensions de l’indice disponibles en mars 2020.
Avec TAP