Les économistes universitaires Mongi Boughzala et Abderrahmane El Lahga, avec les chercheurs Ines Bouassida et Mondher Ferjani, présentent les résultats de l’enquête sur les inégalités sociales et économiques en Tunisie. Et ce, lors d’un séminaire de restitution. L’événement se déroulait à la Cité des sciences le 17 septembre 2020.
En effet, l’étude est réalisée dans le cadre d’un projet faisant partie d’un mémorandum d’entente entre la Tunisie et la France. Elle est gérée par l’Agence française de développement (AFD). Le projet a démarré depuis plus d’une année. Il porte sur les inégalités.
Ainsi, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, l’économiste Abderrahmane El Lahga confirme l’absence de données sur les revenus, le patrimoine. Mais aussi l’insuffisance de données sur la fiscalité des entreprises et des personnes physiques. C’est la raison pour laquelle les résultats sont basés sur:
✓Les données des enquêtes sur la consommation et le recensement général de la population et de l’habitat.
✓ Des données administratives.
✓ L’enquête originale auprès de 2000 ménages, mesurant le capital humain hérité et le capital social.
Car l’objectif est de mener une enquête originale auprès de 2000 ménages, mesurant le capital humain hérité et le capital social. En effet, « la Tunisie est l’un des rares pays où on ne dispose pas d’informations sur le revenu », lance-t-il encore.
Injustice sur plusieurs niveaux
A cet égard, notre interlocuteur affirme que « tous les résultats montrent que les inégalités monétaires ont suivi une tendance à la baisse depuis 1985; et surtout depuis 2000 ». En outre, « ce résultat n’est pas nouveau et s’applique aussi aux autres pays voisins. Ce qui n’a pas cessé d’étonner. A telle enseigne que l’on parle du « puzzle des inégalités en Afrique du Nord ». Car, en plus, le niveau des inégalités monétaires devient plutôt modéré ».
Par contre, l’accès au service et les inégalités non monétaires ont évolué pendant cette période. Il s’agit de la santé et de l’éducation en premier lieu et l’accès à l’eau. « Même si à l’échelle nationale il y a eu une amélioration du niveau de vie. Il n’y a pas eu un rattrapage et une convergence de ce niveau de vie dans les différentes régions. De même, les écarts régionaux ont été maintenus. »
De plus, l’étude révèle également une forte inégalité des chances entre les gens. « Les Tunisiens n’ont pas la même chance de réussir dans leurs études. Et ils n’ont pas la même chance pour profiter du système de santé ni la même chance d’avoir un emploi ».
Le capital humain hérité est encore primordial
Par ailleurs, les inégalités inclues également l’accès aux postes-clés. « Ce genre d’inégalité frappe toujours la cohésion sociale », regrette-t-il. Les inégalités sont expliquées par les dotations initiales, par l’investissement public.
Enfin, l’étude porte également sur le rôle du capital humain hérité. « C’est-à-dire le savoir-faire qu’on a hérité au niveau de la région et au niveau de la famille. Et son rôle dans la saisie des opportunités économiques. Nous avons vu que les familles les plus déshéritées c’est-à-dire qui n’ont pas un savoir-faire n’ont pas profité de la croissance économique ».
Alors, notre interlocuteur affirme: « Lorsqu’une famille ou une région a un capital humain hérité faible cela réduit ses chances. De même que sa capacité de profiter de sa capacité économique. Et c’est important pour la conception des politique économiques », lance-t-il.