Suite à la composition du gouvernement de compétences nationales, quels seront les rôles des partis politiques? Toutefois, la crise socio-économique risque de tout remettre en cause.Qu’en pensent les partis politiques?
Abdelhamid Jlassi, ancien dirigeant d’Ennahdha souligne pour sa part: « avoir un gouvernement de compétences nationales est à mon sens contre nature. Nous aurions dû avoir un gouvernement de partis et non de compétences. Car ce sont les partis politiques qui peuvent demander des comptes au gouvernement. Etant entendu que leurs élus pourraient à leur tour leur demander des comptes. C’est aux partis politiques de prendre leurs responsabilités en main. Mais ce qui s’est passé n’est autre que la résultante d’un échec et de la mauvaise gouvernance des partis politiques de la scène politique de 2019. Il est vrai que la situation est plus complexe que cela en a l’air. »
« Aux partis politiques de se remettre en question »
Et de poursuivre : « Il est clair qu’à des degrés différents tous les partis ont échoué dans leur ensemble. Ce qui a laissé toute latitude au Président de la République de les critiquer. Lui qui estime que le Parlement est une entrave à la bonne marche des institutions publiques. Il a même émis des réserves au niveau de la rédaction de la Constitution.
De toutes manières aujourd’hui, ce qui est fait est fait. Il est nécessaire pour les partis politiques de se remettre en question et de tirer les leçons du passé. Les partis politiques doivent travailler sur la stabilité du paysage politique. »
Quid du vote de confiance ?
Avant d’ajouter : « A mon sens, le gouvernement Mechichi qui a été soutenu par les partis, craint la dissolution du Parlement. Ceux qui ont accordé leur confiance à ce gouvernement de compétences l’ont fait par calcul. Car ils ont compris qu’ils n’ont pas le choix. Quant à l’opposition, elle se doit d’être une opposition constructive. Cela dit, je reste sceptique quand je vois certains partis politiques débattre sur des questions superficielles. D’ailleurs, je me demande si Tahya Tounes est réellement un parti, ou encore si Qalb Tounes pourra se transformer en parti politique ».
De son côté, Ghazi Chaouachi, dirigant du parti Courant Démocrate met l’accent sur la nature du régime qui exige que les partis politiques gouvernent et non les technocrates.
Il précise dans ce contexte: » La Constitution tunisienne de 2014 a accordé le pouvoir aux élus, soit les partis politiques. Mais ce qui se passe en ce moment, n’a rien de logique. Car à dire vrai le gouvernement doit être élu du Parlement. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. D’ailleurs, la grande question est de savoir comment le gouvernement sera soutenu quand l’occasion se présentera. A savoir quand il faudra passer des lois … Je pense qu’il aura à affronter différents obstacles. Or le fait de lui avoir accordé le vote de confiance, ne va sans doute pas dire qu’il sera soutenu. Pour la simple raison que les députés ont voté en faveur du gouvernement Mechichi pour qu’il n’y ait pas une dissolution du Parlement. Et tout le monde sait que la majorité des partis politiques ne veulent pas aller vers des élections anticipées »
Un gouvernement de compétences nationales est contre nature
Et de poursuivre: » La question qui se pose aujourd’hui est de connaître le programme du gouvernement et quelle est sa relation avec le peuple… Et c’est aussi la raison pour laquelle le Courant démocrate a décidé dès le départ de ne pas soutenir Mechcihi. Ainsi nous avons décidé d’être dans l’opposition constructive. Et à mon sens, le chef de gouvernement de compétences nationales n’aura pas le courage de faire passer des réformes encore moins de négocier avec les parties syndicalistes. Tout comme qu’il n’aura pas de bonnes relations avec les partis politiques pour la simple raison que ce gouvernement de compétences nationales est contre nature. »
Par ailleurs, Fares Blel, député du parti Qalb Tounes souligne que le pays a connu une situation similaire en 2013 avec le gouvernement Jomaa. Il précise dans ce contexte: « Concrètement Il y a eu un précédent avec le gouvernement. Et à ce moment-là les partis ont réagi positivement. Et ce, pour une raison très simple à savoir mener le pays vers une stabilité jusqu’aux élections. Ce qui a permis aux différents partis politiques de se mettre d’accord et de pouvoir être prêts pour les élections de 2014. Nous sommes dans une situation qui est plus ou moins semblable mais dans un contexte complètement différent car il faut travailler sur la relance économique. D’où l’intérêt d’oeuvrer à être une force de proposition au niveau des lois. Et secondo le travail de surveillance.
Et de conclure: » En somme, travailler sur des réformes structurelles et donner du rêve aux jeunes et refaire fonctionner l’ascenceur social ».
Aujourd’hui, les partis politiques doivent se remettre en question et placer l’intérêt des Tunisiens avant toute chose. Sinon rien de positif ne se réalisera. D’ailleurs, pour instaurer la démocratie, il faut qu’il y ait la culture du travail, l’engagement citoyen, la responsabilité qui ne sont à ce jour pas encore inculqué. Autrement dit, il faut mettre en place une République citoyenne où la citoyenneté, le civisme sont les acteurs clés de la société de demain..