Aujourd’hui, les réseaux sociaux ( Facebbok, Twitter, Instagram…) sont de plus en plus présents en Tunisie. D’après les données de Digital Discovery, on compte 7,6 millions de comptes Facebook. D’ailleurs, ils ont joué un rôle important lors des élections 2019..Ce qui soulève plusieurs interrogations. D’ailleurs, on se demande quel est l’impact de la publicité politique sur l’orientation du choix des électeurs? Kerim Bouzouita, anthropologue dresse un état des lieux dans une interview accordée à leconomistemaghrebin.com. Interview:
-Pensez-vous qu’aujourd’hui les réseaux sociaux à l’instar de Fb ont court-circuité l’intelligence des citoyens? Si oui, comment l’expliquer?
Kerim Bouzouita: Les algorithmes des plates-formes comme Facebook favorisent l’engagement émotionnel et l’emotivité ainsi que le quick thinking ou la pensée jetable, rumeurs, demi-vérités et fake news sont les contenus qui ont le plus de chances d’être diffusées a cause de ses algorithmes.
« Les dangers de ces algorithmes vont plus loin encore »
Mais les dangers de ces algorithmes vont plus loin encore : ils sont vecteurs de radicalisation en créant des chambres d’écho. En gros, ils recueillent les frustrations individuelles et les renvoient a l’utilisateur qui se retrouvent prisionnier d’une bulle d’information hermétique. En ce sens, les plates-formes nuisent au débat public et créent des groupuscules d’individus qui se complaisent dans leurs propres perceptions de la réalité et qui partagent les mêmes frustrations.
Quel est l’impact de la publicité politique vis-à-vis des électeurs?
La publicité politique sur Facebook est un publicité micro-ciblée. C’est a dire qu’elle cible des citoyens en fonction de critères très précis : âge, localisation, niveau d’étude, hobbies, etc. Le danger est qu’elle soit détournée pour démotiver des tranches d’électeurs de participer à la vie publique comme cela a été fait durant les élections présidentielles américaines de 2017. Les citoyens afro americains des classes populaires ont été mico-cibles afin de ne pas voter pour favoriser l‘élection de Donald Trump.
-Une partie importante des campagnes législatives et présidentielles 2019 en Tunisie ont été menées sur Facebook par des acteurs politiques non déclarés, qu’en pensez-vous de ce qui s’est passé?
Effectivement les acteurs non déclarés sont des agences qui offrent des services de trolling Afin de servir l’image de leur client, ils usent de diffamation et diffusent des fake news autour des autres candidats.
En plus des questions éthiques, cela soulève des questions légales importantes : le montant des fonds dépensés et leur origine, l’ingérence étrangère…En somme, c’est un défi de taille pour toutes les démocraties puisque ces procédés menacent la souveraineté des peuples.