Le reconfinement général n’est pas actuellement à l’ordre du jour, a tranché le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Un avis partagé par deux éminents médecins ; mais à condition d’appliquer strictement les consignes de sécurité pour se protéger contre le mal du siècle.
Alors que la dernière mise à jour du ministère de la Santé indique que la barre de 10.000 personnes contaminées par la pandémie de coronavirus a été atteinte, voire dépassée, le gouvernement se retrouve dans une position très délicate. Entre le marteau de la nécessité de protéger la santé publique et l’enclume de ne pas casser le rythme de l’économie nationale, déjà mise à mal par un long confinement dont l’impact sur le taux de croissance, à titre d’exemple, est désastreux.
Mechichi : « Pas de reconfinement à l’heure actuelle »
Conscient de ce dilemme, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a écarté, hier lundi, tout scénario de reconfinement à l’heure actuelle. Il annonce la mise en place de mesures supplémentaires pour enrayer la propagation de la pandémie. Il s’agit du « retour à la situation du mois de mars dernier est un scenario non envisageable », a-t-il tranché. Et ce, dans une déclaration aux médias, en marge de la Conférence annuelle des chefs de missions diplomatiques permanentes et consulaires.
A noter à ce propos que les professionnels de la santé partagent globalement la position du chef du gouvernement, même si certains présument qu’un reconfinement partiel est envisageable en prenant en considération l’évolution de la situation épidémiologique qui sévit en Tunisie.
« Absence de stratégie claire »
Ainsi, face à l’augmentation exponentielle des contaminations et des décès, le Dr. Faouzi Addad, ancien président de la société tunisienne de cardiologie et de chirurgie cardio-vasculaire, déplore un manque de stratégie claire de la part d’un gouvernement instable politiquement. Ajoutons à cela « l’inconscience générale qui semble s’être installée au sein de la population ». Puisque « celle-ci fait fi des mesures de sécurité comme le port du masque ou la distanciation sociale ».
Le plus grave c’est que selon l’éminent cardiologue, la période du Coronavirus qui s’est déroulée du 2 mars au 27 juin, n’est que « les préliminaires d’une situation qui s’annonce d’ores et déjà catastrophique ».
Et de pointer du doigt l’instabilité politique, avec des semaines sans ministre de la santé, « Aujourd’hui sidi Mehrez est lui-même dépassé. Les cafés sont pleins, les restaurants, les mariages, les rassemblements politiques, les réunions électives, les repas de familles et j’ en passe. Une sensation de laisser aller qui ne trouve pas d’explications en dehors de l’inconscience qui met en danger autrui.
Pas un mot de nos gouvernants comme si on s’était finalement résolu à la stratégie de l’ immunité collective sans nous le dire ».
Et de conclure par ce constat glaçant : « Les plus robustes seront épargnés et les plus faibles quitteront se monde dans le silence le plus total ».
Note d’espoir
Pourtant, ce sombre tableau se termine par une note d’espoir. « Je suis encore confiant sur le génie Tunisien et notre capacité de solidarité. A-t-il dit. « Je porte un masque pour sauver mes proches » devrait être un slogan sur lequel on doit travailler dans les médias ».
« En attendant, des re-confinements partiels dans les prochains jours me semblent malheureusement inévitables. La courbe grimpe et nous voilà entré dans la cour des grandes nations. Ne baissons pas les bras. Le combat vient juste de commencer. Que Dieu protège notre pays », s’est-il écrié.
« Tolérance zéro »
Pour sa part, le membre du conseil scientifique de lutte contre le coronavirus, Habib Ghedira a appelé, hier lundi à l’application de la « tolérance zéro » face au non-respect des consignes gouvernementales relatives à la lutte contre la propagation de la pandémie.
Ghedira a appelé à fermer les espaces ne se conformant pas au protocole sanitaire. Il appelle , également, à fermer les espaces qui ne respectant pas les mesures de prévention contre le coronavirus. Il s’agit des mesures édictées par le ministère de la Santé.
Habib Ghédira a souligné qu’un reconfinement total n’est plus la solution pour affronter la pandémie de la Covid-19. Car le virus est en période d’incubation. Dans le même contexte, il affirme que la solution est de porter un masque, de respecter l’espacement physique et de se laver les mains.
« Les commissions régionales de lutte contre les catastrophes sont les seules parties habilitées à décider du re-confinement obligatoire, des mesures de prévention ou du couvre-feu dans les gouvernorats qui connaissent une flambée de la pandémie », a-t-il tenu de préciser.