La rencontre lundi à la Kasbah entre le chef du gouvernement et les représentants de la Coalition Al Karama suscite des remous. Voire même jette le trouble au sein de sa famille politique. C’est du moins ce qui incitait Abir Moussi à annuler l’entretien prévu le même jour avec Hichem Mehichi. Elle en explique les raisons.
Regrettable faux pas ou principe de précaution d’un chef du gouvernement qui manœuvre dans la « cage aux fauves » politique? Toujours est-il qu’en recevant lundi dernier, avec les honneurs et sous les ors de la République, le très controversé Seifeddine Makhlouf, « l’avocat des terroristes » et porte-parole de la coalition hétéroclite d’Al Karama; le chef du gouvernement Hichem Mechichi sème le trouble, même parmi ses amis politiques.
Alors que dire des partis politiques dont certains accueillaient avec bienveillance sa nomination à la Kasbah? Sans pour autant lui accorder leur confiance, à l’instar du Parti Destourien Libre.
Provocation
Alors qu’elle est sur une courbe ascendante selon les différents sondages; la présidente du PDL Abir Moussi sautait sur cette aubaine pour donner de la voix. Puisqu’elle annonçait sa décision d’annuler l’entretien prévu le même jour avec le chef du gouvernement. Et ce, en raison de sa rencontre, lundi, avec Makhlouf. Le qualifiant de « professionnel en blanchiment du terrorisme et d’actes terroristes ». Mme Moussi s’exprimait ainsi, hier mardi 22 septembre, lors d’une conférence de presse à l’ARP.
Puis, elle ajoute: « La rencontre du chef du gouvernement avec les représentants de ce bloc islamiste est un mauvais signal. C’est une pure provocation aux sentiments des victimes des attaques terroristes ».
En effet, la cheffe du PDL indique avoir sollicité un entretien avec le chef du gouvernement. Et ce, à l’issue d’une marche symbolique organisée, samedi, à Tunis, par le PDL contre le terrorisme. Pour réclamer des mesures supplémentaires dans la lutte contre ce fléau. Afin de démanteler les réseaux d’embrigadement et de financement des organisations terroristes en Tunisie et à l’étranger.
Al Karama et la « pieuvre terroriste »
Lors de ce rendez-vous manqué au palais de la Kasbah, il était prévu, selon ses propres dires, qu’elle fournisse à Hichem Mechichi des données sur le dossier du terrorisme. De même que des informations relatives au réseau du terrorisme, qu’elle qualifie de « pieuvre terroriste ».
D’autre part, et lors de sa conférence de presse, Abir Moussi annonçait son intention de saisir la justice en urgence. Afin de suspendre les activités de l’Union internationale des Oulémas musulmans en Tunisie (création de la filiale en 2012). Et de la faire classer comme étant une organisation terroriste. Parallèlement, le Parti destourien compte déposer une demande auprès de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme. Et ce, pour faire classer les Frères musulmans comme organisation terroriste.
Financement douteux
Alors, Abir Moussi évoque ses soupçons quant à l’implication de l’Etat tunisien dans la prolifération du terrorisme en Tunisie. Elle assure ne pas être prête « à vivre dans un pays qui ne nous protège pas ». Avant de rappeler le fait que cacher les résultats du rapport de la Commission tunisienne des analyses financières sur le terrorisme et son financement datant de 2017, signifie à ses yeux « que la lutte contre le terrorisme ne fait pas partie des priorités de l’Etat ».
Par ailleurs, la cheffe du PDL revient sur les sources douteuses de financement des associations islamistes. Elle affirme que certaines ont reçu des montants variant entre 100 000 et trois millions de dinars. Et ce, par le biais de virements en provenance des pays du Moyen-Orient. Avec comme objectif de « financer des cellules terroristes et enrôler des jeunes dans les zones de combat », conclut-elle.