L’Union des Banques Maghrébines (UBM) présente aujourd’hui à Tunis son rapport annuel 2019. Selon l’UBM, cette édition est inédite. Car elle est rédigée dans un contexte d’incertitude exceptionnelle, marquée par la pandémie de Covid-19.
Ainsi, le rapport 2019 de l’UBM innove dans le fond et la forme. En effet, il ouvre une nouvelle dans l’histoire de l’UBM. Il se veut rétrospectif, afin de tirer les leçons des exercices passés. Mais aussi prospectif, afin de marquer l’engagement de l’UBM dans la construction de l’économie maghrébine au 21ème siècle. Les différentes dimensions de la politique économique des pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) sont examinées. Notamment sous l’angle monétaire et budgétaire. Et concernant les banques maghrébines.
Tout d’abord, le cap se maintient sur les fondamentaux des économies maghrébines. Avec une analyse des tendances économiques et sociales récentes dans le secteur bancaire maghrébin. De même qu’un examen des politiques budgétaires et des grands équilibres. Ainsi que l’évaluation du potentiel bancaire et financier.
Ensuite, l’accent est mis aussi sur la contribution et le rôle important que jouent les banques maghrébines dans la double transition. A savoir: la transition vers le développement durable; et la transition vers la digitalisation des services financiers.
Dans ce cadre, le rapport analyse les opportunités « disruptives » des banques maghrébines. Ce contexte de grands doutes offre, selon l’UBM, de nouvelles pistes. Celles-ci contribuent à l’émergence de nouveaux modèles de banques.
Croissance en moyenne faible
Par ailleurs, la croissance économique au Maghreb a en moyenne faibli cette année. Outre le choc de la pandémie de la Covid-19, la croissance était de 3,42% en 2019; contre 3,69% en 2018. Et ce, en raison de la baisse des prix du pétrole des pays producteurs d’hydrocarbures. Laquelle se conjuguait à la baisse de l’activité industrielle des secteurs manufacturiers et non-manufacturiers.
Alors, l’un des plus grands défis à court terme est la manière dont le secteur financier maghrébin pourra faire face au resserrement des liquidités.
L’environnement bancaire maghrébin: les grandes tendances
Malgré la crise de la Covid-19, le système bancaire maghrébin continue à jouer un rôle majeur dans le financement de l’économie maghrébine. Il se distingue de trois façons: la résilience aux chocs; la continuité de l’activité; et l’immédiateté dans la digitalisation des services.
Par conséquent, l’UBM note une continuité des crédits et des services fournis au secteur privé. Avec quelques ralentissements des crédits accordés aux particuliers et aux professionnels. Malgré ce ralentissement, ce ratio du crédit bancaire destiné au secteur privé en pourcentage du PIB demeure en moyenne soutenu (supérieur à 60% du PIB).
Les grandes mutations à venir: la nécessité d’une double transition
La majorité des pays maghrébins occupent des rangs avancés dans le classement en matière de réalisation des objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies. Les économies maghrébines intègrent de plus en plus la culture de la RSE.
La majorité des banques magrébines ont répondu à la démarche de développement durable à travers leurs engagements en matière de RSE par l’intégration des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance, et à travers l’intégration de leurs activités responsables dans leur communication (sites internet et rapports annuels)
La banque maghrébine n’est plus seulement l’affaire des actionnaires mais aussi des différentes parties prenantes qui la compose : clients, société civile, employés, Etats… La banque maghrébine se rapproche jour après jour du statut de la « banque durable ».
Les opportunités de la digitalisation pour les pays du Maghreb
La crise de la Covid-19 a contribué, dans certains pays du Maghreb, à l’accélération de la numérisation administrative (distribution de l’aide sociale), technique (robot Guard), financière (paiement mobile) et pédagogique (E-education).
Cette crise a révélé le fruit d’investissements rapides à haute valeur ajoutée dans des segments tels que l’électronique, l’ingénierie et la technologie.
La crise de la Covid-19 apparaît comme une grande opportunité pour les pays de l’UMA de mettre en terme à certaines tensions, de surmonter les doutes et de reprendre confiance en la qualité des talents de la jeunesse pour préparer la reprise post-Covid.
Cette crise va nécessiter encore plus de mobilisation de toutes les forces pour créer une synergie entre l’Etat, les entreprises, les secteurs privé et public, les organisations nationale et la société civile. La tâche implique des restructurations, des réformes, des investissements et des sacrifices à court terme.
Les opportunités de la digitalisation pour les banques
Le secteur bancaire maghrébin est inexorablement sur la voie de la digitalisation. Avec la crise de la Covid-19, la fracture numérique qui mesure les inégalités dans l’accès aux technologies digitales, s’est réduite considérablement en très peu de temps. En deux mois environ, des objectifs envisageables sur deux ans ont été réalisés.
Les paiements en ligne, l’utilisation des applications mobiles et les autres services financiers digitaux sont devenus le moyen le plus fréquemment utilisé surtout pendant la crise sanitaire.
Les pays du Maghreb sont passés presque instantanément au numérique dans plusieurs secteurs afin de continuer à fonctionner pendant l’arrêt causé par la pandémie.
Covid-19, RSE et digitalisation : disruption et changement inéluctable de paradigme
Le nouveau paradigme, dont les banques maghrébines sont acteurs majeurs, s’appuiera par ailleurs sur un tournant sur une responsabilité que devront intégrer les économies maghrébines: la transition écologique et la transition numérique.
Cette crise sanitaire s’inscrit sans doute dans la durée. Des ruptures et des changements structurels majeurs sont à attendre dans les modes de fonctionnement et de penser.
Les banques maghrébines doivent donc être proactives. Elles doivent aussi anticiper ces grands changements. C’est le rôle de l’UBM de les y aider.
Le Rapport UBM 2019 contribue à essayer d’apprécier cette dynamique du changement qui attend les business modèles les jours et les mois à venir.