Soupçonné par ses détracteurs de mainmise sur la justice. Et de s’en servir comme arme contre ses adversaires. Noureddine Bhiri, l’ancien ministre de la Justice sous la troïka et le chef du groupe parlementaire d’Ennahdha à ARP, nie en bloc ces allégations. Arguant même avoir pris « des mesures audacieuses pour la réforme de la justice tunisienne ».
« Je ne contrôle pas la Justice. Je mets au défi quiconque affirmant que j’ai fait la moindre intervention dans une quelconque affaire judiciaire ». Ainsi se défend Noureddine Bhiri, l’ancien ministre de la Justice et le chef du groupe parlementaire d’Ennahdha à l’ARP.
Mainmise sur la justice, simple rumeur?
En effet, dans son intervention hier mercredi sur les ondes d’une radio locale, le dirigeant nahdaoui, réputé pour être un faucon notoire au sein du parti islamiste, cherchait apparemment à se disculper. Et ce, des rumeurs persistantes sur sa mainmise depuis des années sur l’appareil judiciaire.
Ses détracteurs le soupçonnent même de se servir du pouvoir judiciaire pour déterrer, le moment voulu, les cadavres dans le placard pour faire du chantage à ses ennemis. Ou enterrer un dossier gênant pour ses amis. Terrible arme politique!
De ce fait, Noureddine Bhiri a martelé au cours de son interview qu’il est « inconcevable de parler d’une mainmise sur la Justice ». Il profitait de l’occasion pour rappeler que lors de son passage au ministère de Beb Bnet, il a pris des mesures audacieuses pour la réforme de la justice tunisienne.
Bhiri : « Un parti ouvert à tous »
Puis, évoquant le volet politique, le dirigeant du parti d’Ennahdha, qui figure dans le premier cercle du cheikh de Montplaisir, a exhorté tous les acteurs politiques à donner la main. Et ce, pour « délivrer la Tunisie de la dangereuse situation dans laquelle elle se débat ».
Ensuite il réagissait aux critiques adressées à la récente coalition composée autour d’Ennahdha et englobant Qalb Tounès et Al-Karama. Alors, il affirme qu’il ne s’agit nullement d’un club fermé et que le parti islamiste est « ouvert sur tous ».
Il a d’autre part exprimé l’espoir que cette coalition de 120 députés s’élargisse. Et ce, pour accueillir d’autres formations politiques, dont le bloc de la Réforme nationale. Lequel englobe les membres de Machroua Tounes, Nidaa Tounes, Al Badil Ettounsi, Afek Tounes, Aïch Tounsi. Ainsi que quelques indépendants, comme le député Mabrouk Kourchid. De même que l’élu Zouhair Maghzaoui et son parti, le Mouvement d’Echaab.
Une alliance contre nature
Car, pour rappel, le chef du bloc parlementaire d’Al Karama, Seifeddine Makhlouf annonçait récemment la formation d’une alliance entre son bloc et celui de Qalb Tounes.
Par ailleurs, protestant contre cette nouvelle coalition, l’élu Al Karama, Sahbi Smara décidait de se retirer du bloc parlementaire de Makhlouf.
En revanche, justifiant cette alliance, le député Qalb Tounes, Iyadh Elloumi assurait que Qalb Tounes et Al Karama avaient « des points en commun ». Tout en précisant qu’il ne s’agissait pas « d’alliance, mais plutôt de coordination au niveau de l’action parlementaire ».
Moussi : « Traîtrise à la patrie »
Pour sa part, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, qualifiait cette alliance hétéroclite du « front de la honte et de la traîtrise à la patrie. Et de crime contre la Tunisie ».
« Ennahdha et Qalb Tounes se ressemblent », relevait-elle. En rappelant que « le parti de Nabil Karoui a basé sa campagne électorale sur l’animosité envers le parti islamiste. Le gouvernement ne sera pas honoré par l’appui d’une telle assise politique », conclut la cheffe du parti destourien.