Abderrazak Zouari,économiste universitaire, ancien ministre du développement régional a participé jeudi à une conférence organisée par le Club Finance de l’ATUGE pour débattre de la loi de relance de l’économie.
Prenant la parole, Abderrazak Zouari a fortement critiqué le titre du projet de la loi (loi de relance de l’économie) : « On ne peut parler de relance qu’à travers l’offre ou la demande, or il n’y a que des mesures fiscales dans ce texte. Elles auraient dû figurer dans la loi de finances », a-t-il souligné.
Il propose que les 250 propositions soumises à l’ARP suite aux auditions de la commission finances soient envoyées au ministère des Finances en vue de la préparation de la LF2021. « On ne peut parler de croissance économique sans certaines préalables ». Affirme Abderrazak Zouari.
Il s’agit notamment de :
- La pleine utilisation des capacités de production. Ce qui est loin d’être le cas! Utiliser pleinement les capacités actuelles nous permettra déjà dans un premier temps de faire de la croissance sans investissements majeurs;
- L’investissement, c’est à dire le capital physique : Comment peut-on parler de R&D en Tunisie, qui ne peut concurrencer les pays dont les recherches sont très avancées ? La Tunisie devra faire son saut technologique par le renouvellement de son capital physique, ses équipements, et non avec un budget pour la R&D;
- Le capital humain : aucune relance possible sans réforme de l’éducation et de la formation. La France par exemple consacre une grande partie de son plan de relance à la réforme de la formation professionnelle. L’avenir est à la digitalisation de l’enseignement;
- L’infrastructure : très peu d’investissements dans l’infrastructure ces dernières années
- La qualité et la gouvernance de nos institutions, dont la plupart datent des années 70 et ne sont plus en phase avec les besoins de 2020 : moderniser, digitaliser, innover
M. Zouari a proposé également de sortir le Titre II du budget de l’Etat et le mettre sous la houlette de la CDC. Il s’agit aussi de faire un moratoire sur les petits projets souvent sans impact et ne garder que les grands projets.
« Les bailleurs verseraient directement leurs fonds dans la CDC. Cela éviterait de les utiliser pour payer les salaires. Comme c’est le cas actuellement ». Ajoute M. Zouari.
Il recommande de changer la manière de faire. Et ce pour les politiques sectorielles : « Chaque ministre devrait présenter un plan de relance de son secteur dans le mois qui suit sa nomination ! ».