Alors que le président de la République jugeait la nomination de deux conseillers au cabinet du chef du gouvernement « inacceptable et inappropriée ». Le président de l’ARP Rached Ghannouchi s’empressait de considérer ces nominations comme « valables et légales; tant qu’elles n’enfreignent pas la loi et à la Constitution ». Récit d’une relation exécrable entre les deux présidences.
Ainsi, les Tunisiens sont médusés, un brin agacés. Voire amusés par la guéguerre fratricide que se livrent les trois présidences depuis quelque temps. Où tous les coups bas sont permis; mais cette fois publiquement et sans aucune retenue. En effet, ils assistent maintenant à la cinglante réaction du président de l’ARP, Rached Ghannouchi. Puisque lui aussi réagit à l’étrange position du chef de l’Etat Kaïs Saïed sur les nominations opérées par le chef du gouvernement. Une scène surréaliste digne d’une république bananière.
Car, imagine-t-on une seconde Bourguiba tancer publiquement son premier ministre; avant d’être à son tour sèchement « recadré » par le président de l’Assemblée nationale de l’époque?
Opposition frontale entre Ghannouchi et Saïed
Pourtant, le président de l’ARP, Rached Ghannouchi n’a pas hésité à s’opposer frontalement à Kaïs Saïed. En affirmant dans une récente déclaration à Mosaïque FM, que les récentes nominations du chef du gouvernement sont « valables et légales. Tant qu’elles n’enfreignent pas la loi et à la Constitution ». Et ce, en réaction aux déclarations du président de la République, mercredi; lorsqu’il recevait le chef du gouvernement, au palais de Carthage.
L’exaspération du Président
D’ailleurs, on se rappelle que, à l’instar d’un instituteur s’adressant à un élève pris en faute, le président Kaïs Saïed n’a pas caché son exaspération face à la nomination de deux conseillers à la présidence du gouvernement; en l’occurrence Taoufik Baccar et de Mongi Sfara. Allant jusqu’à sermonner ouvertement un chef du gouvernement manifestement habitué à avaler des couleuvres. Mais jusqu’à quand?
« Un certain nombre de personnes dont on parle des nominations dans des fonctions de l’Etat ont des procès toujours en cours devant les tribunaux. Et même si les instances concernées n’ont pas encore prononcé leur jugement, il convient d’attendre la sentence de la justice ». Ainsi martelait le chef de l’Etat, dans une vidéo postée sur la page officielle de la Présidence de la République.
Tous dans le même sac
Mais que reproche Kaïs Saïed au juste à Taoufik Baccar, ancien gouverneur de la BCT et expert économique de renommée mondiale? Ou à l’ancien conseiller de l’ex-président, Mongi Safra docteur en économie de la prestigieuse université de Michigan; puis professeur de Sciences économiques à l’Université Tunis-III?
En évidence d’avoir servi sous Ben Ali. Mais dans ce cas, faudra-t-il mettre toutes les personnalités ayant travaillé sous l’ancien régime dans le même sac; comme étant tous pourris, corrompus et voleurs?
Or, l’histoire retiendra que certains cadres de l’ancien régime sont passés sous le rouleau compresseur d’une justice vengeresse et d’un harcèlement judiciaire qui a duré plus qu’une décennie. Lequel les a condamnés, sans avoir le courage de les disculper par la suite. Lazhar Bououni et Ali Chaouch, parmi tant d’autres, pourront en témoigner… Mais depuis leur tombe…