Le Forum Ibn Khaldoun a publié un « Débat sur l’économie numérique en Tunisie ». Ce débat a été restitué par Salah Hannachi. Ce document est tiré de l’étude de Mustapha Mezghani : « Le numérique en Tunisie L’Etat, l’administration et l’économie.
D’après les auteurs « le numérique est une opportunité pour la Tunisie. Il est à la fois un secteur économique et un outil de gouvernance pour l’Etat et l’Administration.
Le numérique comme secteur économique est un secteur à fort potentiel de création de valeurs économiques, d’emplois de haut niveau et d’exportations, au court, moyen et long terme. La Tunisie a participé aux opportunités offertes par le numérique comme secteur économique. L’absence d’une vision, d’une stratégie cohérente, continue, et coordonnée, de volonté et de leadership politiques ne lui a pas permis d’en tirer le maximum. »
Ils alertent sur le fait « que le déficit de vision et de cohérence stratégique en Tunisie s’est traduit par un exode digital important. La fuite de compétences a fait subir à la Tunisie un coût d’opportunité important en valeur économique, en emplois et en exportations.
Une politique industrielle plus volontariste, plus affirmative, plus continue, mieux coordonnée et plus ambitieuse pourrait tourner le numérique en un levier majeur de développement. Mieux encore, une politique proactive de mobilisation de la Diaspora peut mettre à profit la fuite de compétences au service de la politique industrielle sectorielle.
Elle pourrait optimiser l’exode digital et tourner la fuite de compétences et la Diaspora tunisienne en un vecteur de promotion des investissements directs étrangers, de transfert de technologie et de participation efficace à la recherche scientifique, à la R&D, et à l’innovation globalisées dans le secteur.
La Tunisie doit prendre le train en marche « car la transformation numérique sera rapidement achevée dans les courtes années à venir. Les pays qui ne la prennent pas en charge proactivement seront marginalisés et au mieux amenés à la subir réactivement à un risque et à un coût très élevés ».
La pandémie du COVID-19 a illustré l’impératif de la mise en place et de la mise à niveau d’une infrastructure nationale sur tout le territoire, de très haut débit et de très haute performance, d’information et de communication intégrée et fluide verticalement et horizontalement au sein et entre les écosystèmes intra et extramuros.
La transformation numérique exige en troisième lieu une politique d’offre, c’est-à-dire une politique industrielle d’encouragement de l’investissement dans le secteur numérique. La participation active des acteurs économiques privés tunisiens et étrangers permettra à la Tunisie de mettre efficacement à contribution pour son développement les opportunités importantes offertes par la Quatrième révolution industrielle. A ce titre, elle doit identifier et attirer proactivement l’intérêt et l’investissement des multinationales du secteur des TIC.
Elle doit à ce titre explorer la synergie qu’elle peut dégager du croisement du numérique avec les secteurs à contenu où elle a développé un avantage comparatif comme le textile, la médecine, le pharmaceutique, l’enseignement, etc.
La transformation numérique exige aussi une stratégie de développement de compétences
nationales, voire d’attraction du capital humain de compétences étrangères par l’amélioration des motivations, de l’environnement des affaires, des conditions de séjour et la qualité de la vie professionnelle, sociale, familiale et personnelle du personnel tunisien et étranger travaillant dans le secteur. »
Les auteurs concluent que » la transformation numérique doit être précédée et accompagnée par un travail de préparation et de transition culturelle, juridique, organisationnelle et technique.
De nombreuses success stories existent dans le monde en matière de développement du numérique sur des bases inclusives. La Tunisie a tout intérêt à les prendre en considération. »