L’agence de notation nationale PBR Rating a établi ses prévisions pour un ensemble de marqueurs économiques. Il s’agit notamment de la croissance, du déficit budgétaire et de l’endettement de l’Etat au titre de l’année 2020. Et ce, pour conclure à une série de réformes structurelles. Celles-ci devraient soutenir un nouveau cycle de relance économique. La présentation de ces prévisions s’inscrit dans le cadre de ses travaux d’études et d’analyse des données macroéconomiques et des performances sectorielles de l’économie tunisienne.
La présentation officielle des travaux de PBR Rating a eu lieu le mardi 29 septembre 2020, au siège de l’Association Tunisienne des Banques et des Etablissements Financiers (APTBEF). Devant un parterre de financiers et d’économistes de premier rang, issus des institutions bancaires et financières de la place.
Difficultés macroéconomiques structurelles
Il ressort des conclusions du rapport que l’économie tunisienne souffre de difficultés macroéconomiques structurelles. Celles-ci sont aggravées par l’impact de la crise sanitaire. En effet, le rythme de croissance sur la décennie 2011-2020 n’a pas permis au pays de résoudre ses problèmes économiques et sociaux. Ces problèmes risquent de fragiliser sa stabilité.
Le rapport a mis également en exergue pour l’exercice 2020 deux scénarios de croissance. Et ce, sur la base d’un ensemble de paramètres incluant notamment les efforts de relance de l’Etat, la résilience des acteurs locaux, les hypothèses de variation des prix des matières premières et l’évolution de la demande externe.
Dans un premier scénario optimiste, le taux de croissance de l’économie tunisienne devrait se situer à -9,6%. Les besoins de financement de l’Etat s’élèveraient à 12 082 millions de dinars pour engendrer un déficit budgétaire de 7% avec un taux d’endettement de 85,4% du PIB; alors que le taux de chômage s’élèverait à 17,1%.
Dans un second scénario moins optimiste, la croissance se creuserait pour se situer à -12,36%. Le déficit budgétaire s’aggraverait pour atteindre 8%. Avec un taux d’endettement de 88,4% du PIB et enfin un taux de chômage de 19,9%.
Crise économique et sociale, aggravée par la pandémie
Selon le même rapport, depuis 2010, le mode de production s’oriente progressivement vers les services non marchands. Il s’accompagne d’une revalorisation inédite des salaires de la fonction publique. Lesquels ont totalisé 107 milliards de dinars sur la période 2011-2019. En effet, cette tendance a mis le budget de l’Etat sous pression. La marge de manœuvre des autorités s’est affaiblie en raison de la crise économique et sociale, aggravée par la pandémie.
Pour faire face à l’augmentation de ses dépenses, l’Etat a été amené à accroître les recettes fiscales. Celles-ci ont progressé dans une moyenne d’environ 10% sur la période 2011-2019. Cela s’est effectué par une pression fiscale grandissante sur les acteurs du secteur formel. Toutefois, ces ressources n’ont pas bénéficié de manière proportionnelle aux dépenses inscrites dans le Titre II du budget.
Pour combler son déficit, l’Etat a fait un appel excessif à l’endettement, notamment extérieur. La hausse du déficit courant, conjuguée à la baisse du dinar, a accentué ces recours. Le marché interne de la dette a été également sollicité, réduisant les possibilités de financement pour le secteur privé.
M.T