Aujourd’hui, la crise sanitaire a déstabilisé le monde entier. Nasser Kamel, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM) depuis juin 2018, mais aussi l’ancien ambassadeur d’Egypte en France fait le point des enjeux du moment. Interview:
Leconomistemaghrebin.com: En quoi consiste le programme lancé par l’UpM, visant à améliorer la situation de l’emploi des populations ? Et quel sera donc son impact ?
L’Union pour la Méditerranée a lancé depuis août dernier un programme de subventions. Afin de répondre aux conséquences économiques de la pandémie Covid-19. Ce programme vise à améliorer la situation professionnelle des populations les plus vulnérables dans la région. Les organisations à but non lucratif pourront demander des aides financières entre 100 000 et 300 000 euros ; les projets éligibles devront concerner au moins un pays MENA de la région euro-méditerranéenne.
Ce programme de subventions de l’UpM pour la promotion de l’emploi permettra aux citoyens de la région, en particulier ceux des pays du sud et de l’est de la Méditerranée, d’atténuer les difficultés d’accès au marché du travail. Suite à la pandémie de Covid-19. Les personnes déjà vulnérables aux chocs économiques et aux restrictions de mobilité, comme les travailleurs informels, les ouvriers, les jeunes et les femmes, ont été particulièrement touchées. Elles sont l’audience principale de ce programme. Celui-ci reflète la détermination de l’Union pour la Méditerranée à répondre à la crise économique aux niveaux local, régional et national. Il aspire à favoriser l’accès à l’emploi pour les citoyens. Mais également à améliorer le contexte économique pour les entrepreneurs et les PME.
- La crise sanitaire de la Covid-19 a impacté le monde entier. Aujourd’hui, comment améliorer la situation de l’emploi des populations les plus vulnérables de la région ?
En l’espace de quelques mois, la pandémie de la Covid-19 s’est étendue à tous les coins et recoins du monde. Et nous a fait basculer dans une crise sans précédent. La pandémie a confirmé que les systèmes dont nous dépendons sont non seulement de plus en plus interdépendants, mais aussi de plus en plus vulnérables. Cette réalité, valable à l’échelle mondiale, est néanmoins plus urgente pour la région méditerranéenne. Où les conditions de fragilité et d’exposition se concentrent davantage. Les éléments de fragilité existants dans la région – en particulier les niveaux élevés d’inégalités socio-économiques, de genre et l’urgence du changement climatique – sont en effet appelés à s’aggraver en raison de la pandémie.
« 435 millions de femmes et de filles vivront avec moins de 1,90 USD par jour d’ici 2021 »
Selon une nouvelle analyse commandée par l’ONU et le PNUD, environ 435 millions de femmes et de filles vivront avec moins de 1,90 USD par jour d’ici 2021. Dont 47 millions poussées dans la pauvreté à cause de la Covid-19. Les secteurs de l’hébergement et de la restauration, par exemple, ont été dévastés par les pertes d’emplois. Et nous savons à quel point ces secteurs sont importants pour la région méditerranéenne. Dans la plupart de nos pays, les femmes y sont surreprésentées. Souvent avec une emprise précaire sur leur emploi.
Placer les femmes au cœur de notre réponse à cette pandémie signifie que nous voyons l’objectif de faire un bond en avant. En ce sens, les États membres de l’UpM ont mis fortement l’accent sur l’économie sociale. Non seulement comme moyen alternatif de fournir une valeur économique, sociale et environnementale. Mais aussi comme moyen intelligent de débloquer des ressources. De créer des emplois durables. Et de générer une croissance économique inclusive la région.
Début novembre une conférence de haut niveau sera organisée sur l’égalité des genres
Ainsi, l’UpM souhaite porter au niveau de la région la thématique liée á l’égalité des sexes et la Covid-19. Nous présenterons début novembre une conférence de haut niveau sur « Accélérer L’égalité Des Genres Dans Le Contexte De La Pandémie Covid-19 » en ligne, où nous encourageons tous et toutes à participer.
- Ne faut-il pas faire face à la Covid-19 avec de nouveaux mécanismes de l’ère digitale ( télé-travail, les visio-conférences) comme solution à court terme ?
Bien plus qu’à court terme, il nous faut également penser au long terme ! Depuis plusieurs années, l’UpM s’est activement engagée dans des initiatives et des projets visant à promouvoir l’économie digitale. Ainsi que la transformation numérique dans la région. Selon l’International Data Corporation (IDC), les dépenses mondiales pour la transformation digitale ont été estimées à 1 300 milliards de dollars en 2018. En hausse de 16,8% par rapport à 2017. À l’ère du digital, exploiter et intégrer à l’économie les nouvelles technologies ne peut plus être considéré comme un choix, mais plutôt comme un fait pour tout pays qui recherche une croissance intelligente et durable. L’UpM n’a donc pas attendu la pandémie de la Covid-19 pour pousser l’agenda du numérique et de la digitalisation pour la région euro-méditerranéenne. Rien qu’en septembre dernier, une conférence de haut niveau avait été organisée à Tallinn (Estonie) où il était question de modifier l’état d’esprit selon lequel la technologie est perçue comme un facteur de revenu plutôt que comme un coût indirect.