La mort tragique d’un citoyen, suite à la démolition d’un kiosque anarchique à Sbeïtla, alors qu’il y dormait, nous interpelle tous. Et ce, sur l’état de délabrement d’un Etat où le sentiment d’impunité est la règle.
En effet, rappelons qu’un citoyen âgé de 49 ans, père de quatre enfants, décédait. Et ce, suite à la démolition de son kiosque anarchique, à l’aube du mardi 13 octobre; alors qu’il dormait. Cet incident provoquait une vive émotion. Soulevant une colère populaire à Sbeïtla (gouvernorat de Kasserine) dont les conséquences sont imprévisibles. A qui la faute? Sachant que les services municipaux n’avaient pas jugé utile de procéder à l’évacuation des lieux, avant d’entamer la démolition!
Ainsi, l’onde de choc a été ressentie même à Carthage; où le Président Kaïs Saïed s’est réuni hier, mardi 13 octobre, avec le Chef du gouvernement Hichem Mechichi. Et ce, pour évoquer la situation générale du pays. En particulier cet incident tragique qui s’est produit à Sbeïtla, conduisant à la mort d’un citoyen.
Avec sa coutumière langue de bois, le chef de l’Etat a souligné que « chaque partie doit assumer toutes ses responsabilités et que la loi doit être appliquée à tous ».
Sautant sur l’occasion pour rebondir sur sa litanie habituelle de lutte contre les invisibles « ennemis du peuple », le Président a ajouté que la loi devrait s’appliquer à tout le monde sans exception aucune. « Car les crimes commis par ceux qui ont pillé l’argent du peuple pendant des décennies sont restés dans les tiroirs des tribunaux, sans poursuites ni sanctions efficaces ».
Limogeages en masse
A noter, qu’en conséquence du tragique incident, la présidence du gouvernement annonçait dans la foulée le limogeage du gouverneur de Kasserine et du délégué de Sbeïtla. Il a également été décidé de mettre fin aux fonctions du chef du district de sécurité nationale et du chef du poste de police municipale de Sbeïtla.
Une manière classique de noyer le poisson afin de calmer le jeu. En désignant les présumés responsables de la tragédie, avant même qu’une enquête officielle ne soit diligentée.
Solidarité dites-vous?
Mais dans l’attente de l’enquête judiciaire qui devra délimiter la responsabilité des uns et des autres, le président de la municipalité de Sbeïtla, Fayçal Remili, se précipitait pour dégager sa propre responsabilité dans cette triste affaire. Et ce, pointant du doigt le gouverneur de Kasserine. En l’accusant d’avoir agi « d’une manière unilatérale » dans l’action de la démolition du kiosque illégal.
S’il reconnait que le conseil municipal a décidé de la démolition du kiosque; mais sans fixer de date, ni heure pour l’application de ladite décision. Il assure que l’application a été imposée par le gouverneur de Kasserine. « On nous avait dit que l’application se ferait vers minuit. Mais qu’elle allait être retardée suite à la propagation de l’information ». C’est ce qu’il affirmait hier sur les ondes de Mosaïque FM. Et d’ajouter qu’il a été surpris par l’annonce du drame en se réveillant le matin.
Pour sa part, la réponse digne et mesurée du gouverneur de Kasserine limogé, Mohamed Chamsa, fut : « Je suis navré de faire mes adieux au gouvernorat de Kasserine après un an et deux mois. J’ai assumé des responsabilités et j’ai appliqué la loi dans le cadre de la légalité et de la justice. On a rendu à l’Etat son prestige. On a protégé les personnes et œuvré à développer le gouvernorat de Kasserine ». Et ce, avant de s’adresser, amer, au président de la municipalité de Sbeïtla qui l’avait enfoncé: « Merci Monsieur Faycel Remili pour le déni de responsabilité. Que Dieu accorde Sa miséricorde au défunt Abderrrazek Khachnaoui ». Tels son les propos publiés sur son compte FB.
Liste funèbre
Alors que nous pleurons encore la fillette Farah tombée dans une bouche d’égout ouverte dimanche 4 octobre à Bhar Lazreg, le nom d’Abderrrazek Khachnaoui s’ajoute à cette liste funèbre.
A qui la faute? Aux responsables incompétents, dénués de tout sens du devoir et de la morale. Surtout à un Etat qui s’effrite et prend l’eau de toutes parts.