Le « groupe des 100 » qui avait appelé le mois dernier leur chef historique à s’abstenir de briguer un troisième mandat, affirment que Rached Ghannouchi aurait l’intention de présenter sa candidature à la prochaine élection présidentielle prévue en 2024.
Contesté même dans son propre camp, appelé ouvertement par le « groupe des 100 » à renoncer à toute intention de briguer un troisième mandat à la tête du parti en faisant entorse au fameux article 31 du règlement interne , Rachid Ghannouchi , le chef historique et cofondateur d’Ennahdha, ne semble guère disposé à quitter son poste de gardien du Temple bleu. J’y suis, J’y reste.
Par orgueil démesuré, on ne déboulonne pas un guide spirituel ? Par une dévorante ambition personnelle ? Pour battre le fer avec Kaïs Saied son ennemi juré ? Par le confort du fauteuil à Montplaisir ? Par calcul politique ? Un exercice où le cheikh âgé de 79 ans passe pour être maître.
Ghannouchi: calcul politique
C’est probablement le calcul politique et l’ambition personnelle qui sont les clés du mystère. Ainsi, dans une nouvelle lettre envoyée par le « groupe des 100», dont Mosaïque FM affirme avoir obtenu une copie, il appert que Rached Ghannouchi souhaite modifier le règlement interne du parti pour pouvoir briguer un troisième mandat consécutif. Dans le but d’être candidat à l’élection présidentielle de 2024.
Ambition présidentielle
«La lettre que nous avions signée est personnellement adressée au chef du mouvement et à personne d’autre. Elle ne concerne aucune institution et aucune partie, ni le bureau exécutif ni le comité d’organisation du 11e Congrès »
« La raison pour laquelle nous nous sommes adressés à lui était due à son intention de prolonger [son mandat], de modifier le règlement intérieur, d’étirer et de retarder le début de la préparation du 11e Congrès jusqu’à ce que nous ayons atteint et largement dépassé sa date. Il a même annoncé sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle de 2024», lit-on dans la lettre adressée par le « Groupe des 100 » qui se décrit lui-même comme « un mouvement regroupant tous les frères d’Ennahdha ».
Fronde publique
Il convient de signaler qu’il y a un mois, les frondeurs regroupés dans le « groupe des cent », dont des dirigeants nationaux et régionaux de la trempe de Samir Dilou, Mohamed Ben Salem et Abdellatif Mekki, demandaient ouvertement et publiquement à leur chef historique de céder le poste qu’il occupe depuis quatre décennies. Et surtout de ne pas « bidouiller » l’article 31 lequel interdit catégoriquement un mandat de trop.
Car guère enclin à rendre le tablier et déterminé à contourner par tous les moyens le règlement interne du parti, obstacle de taille à ses ambitions, le cheikh caresse l’idée de recourir à un référendum destiné aux 300 000 adhérents du parti islamiste. Quitte à porter un coup mortel « aux valeurs fondamentales d’Ennahdha », selon l’expression de l’un des chefs de file des frondeurs, Abdellatif Mekki.
Pourtant, l’octogénaire poussé vers la sortie par ses propres amis, veut jouer les prolongations et passer à un palier supérieur en convoitant le sommet de l’Etat. Alors que tous les sondages le dépeignent comme la personnalité politique la plus détestée par les Tunisiens.
A n’y rien comprendre !