La centrale syndicale vient de jeter une pierre dans la mare. Et ce, en pointant du doigt la mauvaise gestion des dons déposés au Fonds 1818. Lesquels sont dédiés à la lutte contre le coronavirus. L’UGTT évoque même des « violations constatées au niveau du décaissement d’une partie des ressources du fonds. Et ce, à des fins autres que celles pour lesquelles ils se destinaient ».
Donc, les dons collectés, le printemps dernier, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus (Fonds 1818) ont-ils été judicieusement utilisés? Alors que la Tunisie est confrontée à une « situation sanitaire catastrophique »; dixit le ministre de la Santé en personne. Il est légitime de se poser la question en raison des déclarations contradictoires des uns et des autres.
Les dons détournés?
A cet égard, dans son intervention, hier mercredi, sur les ondes de Shems FM, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, indiquaient que les gouvernements ne communiquaient pas les vrais chiffres.
Ainsi, il pointe du doigt une mauvaise gestion des dons déposés par les citoyens et les entreprises tunisiennes au compte postal 18-18. D’ailleurs, M. Taboubi affirme que les dons devaient être « mobilisés pour acheter des équipements médicaux et paramédicaux. Et non pour payer les salaires des fonctionnaires de la Santé ».
Car, « l’Etat aurait dû prendre en charge le paiement des salaires et non puiser dans la caisse. En agissant ainsi, l’Etat risque de perdre la confiance des Tunisiens qui n’accepteront plus dorénavant de lui accorder leurs dons ». C’est que dénonce le patron de la centrale syndicale.
Fakhfakh : « Les dons alloués exclusivement à la santé »
Or, ces allégations vont à l’encontre des propos prononcés par l’ancien chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh. Lequel affirmait au mois de juin dernier, lors de la séance plénière consacrée à l’évaluation des 100 jours de travail du gouvernement, que le Fonds 1818 est géré en toute transparence par des représentants de l’UGTT et de l’UTICA. Assurant que tous les fonds collectés « seront alloués, exclusivement, à la santé ». Alors qui croire?
Volte-face
Pour rappel, dans une déclaration aux médias en marge d’une réunion extraordinaire de l’Union régionale du travail à Monastir, le SG de l’UGTT affirmait le 3 octobre, main sur le cœur, que les revenus du Fonds 1818 étaient « exclusivement » alloués au financement des hôpitaux publics et à l’acquisition d’équipements médicaux ». Alors pourquoi ce troublant volte-face de la part du SG de l’UGTT?
De plus, le même jour et au même endroit, le secrétaire général adjoint de UGTT, Sami Tahri, affirmait que l’organisation syndicale « est une partie prenante du Fonds 1818. Et elle assure le suivi des opérations de décaissement de ses ressources ».
Violations
Pour sa part, le secrétaire adjoint de l’UGTT, Abdelkrim Jrad, également membre de la Commission chargée du suivi de la gestion des dons déposés au Fonds 1818, met en garde. Contre ce qu’il qualifie de « violations constatées au niveau du décaissement d’une partie des ressources du fonds. Et ce, à des fins autres que celles pour lesquelles elles étaient destinées ».
Cacophonie
Et nous ne sommes pas au bout de nos peines. Car, pour ne pas ajouter à la confusion, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, indiquait, lors d’une interview accordée à Al Wataniya, dimanche 18 octobre 2020 « qu’aucun millime du fonds 1818, n’a été dépensé, jusqu’à aujourd’hui ».
Puis, il ajoutait avoir sollicité la Commission de lutte contre le coronavirus. Afin de trouver un moyen de dépenser les dons collectés pour le Fonds 1818 qui ont atteint 200 millions de dinars.
Des propos aussitôt démentis par le ministre de la Santé, Fawzi Mahdi. Puisqu’il déclarait, lundi 19 octobre 2020, que 52 milliards ont déjà été dépensés au début de la crise sanitaire. En affirmant, dans une déclaration accordée à Shems FM, que 150 milliards sont en train d’être exploités. Et ce, pour obtenir des ambulances et des appareils de réanimation.
Au final, en attendant que le chef du gouvernement et son ministre accordent leur violon, il est à notre avis nécessaire que Hichem Mechichi s’attache les services d’un bon conseiller en communications. Ce qui lui permettra d’éviter à l’avenir la cacophonie au sein de son équipe gouvernementale.