Le Forum Ibn Khaldoun pour le développement vient de publier le bulletin de conjoncture économique. Elle est relative aux neuf premiers mois de l’année en cours.
Ainsi, l’analyse publiée par le Forum Ibn Khaldoun résume les développements issus des principaux paramètres sociaux-économiques. Les neuf premiers mois ont donc été marqués par la récession. Elle s’avère beaucoup plus accentuée qu’initialement prévue. Entraînant une révision à la hausse de la contraction du PIB. Cette récession pèse lourdement sur le marché de l’emploi. Avec notamment une augmentation de 150 000 chômeurs de plus par rapport à 2019.
Durant la même période, l’investissement s’inscrit de nouveau dans une tendance baissière. L’inflation se stabilise à 5,4%. Au niveau des échanges extérieurs, la contraction du commerce extérieur demeure importante; malgré son atténuation durant le troisième trimestre. En outre, au cours des neuf premiers mois de 2020, le déficit de la balance commerciale des paiements extérieurs se réduit. Et ce, sous l’effet du ralentissement de l’activité économique.
Tandis que la situation du budget de l’Etat continue à subir d’importantes pressions. Et ce, sous l’effet de l’impact de la crise sanitaire sur les recettes propres de l’Etat et sur ses dépenses.
Selon la même analyse, le système monétaire et financier demeure fortement sollicité; compte tenu des problèmes de liquidités des entreprises. La situation reste dans l’ensemble sous contrôle. Malgré les nombreuses pressions exercées. Sous l’effet notamment de la baisse du chiffre d’affaires des entreprises, en relation avec la situation économique difficile du pays.
Alors, même si le Forum Ibn Khaldoun constate un léger mieux de la situation économique et financière durant le troisième trimestre. Cependant, il ne modifie pas la situation de profonde crise qui secoue la société et l’économie. Une tendance alimentée notamment par: la poussée du chômage; l’exode à l’étranger des jeunes en hausse; la multiplication des foyers de tensions et de revendications. Tout cela, avec pour toile de fond des tiraillements politiques et la montée de la violence verbale et physique.
La crise économique provoquée par l’ampleur de la crise sanitaire
Car, « la crise économique qui ébranle les fondements de la société et de l’économie tunisienne est, certes, en partie d’origine exogène, provoquée par l’ampleur de la crise sanitaire que vit la Tunisie. Et ce, à l’instar de tous les pays de la communauté internationale ». C’est ce qu’on peut lire dans cette analyse.
Mais cette crise est, également et surtout, d’origine endogène:
- Alimentée par les nombreux blocages et distorsions à caractère structurel. Ils freinent l’exploitation des opportunités et entravent l’allocation rationnelle des ressources.
- Amplifiée par les tiraillements politiques et le climat de suspicion et d’inquisition. Puisqu’ils altèrent le capital de confiance et nourrissent l’attentisme et l’inertie.
- Entretenue par la montée du corporatisme, du conservatisme et du retour en force de l’Etat providence. Et ce, en l’absence de vision fédératrice de la Tunisie de demain.
Rétablir les fondamentaux et clarifier les grands choix
Alors, il est important, selon l’analyse du Forum Ibn Khaldoun, que le pays parvienne rapidement à établir un programme d’actions d’envergure. L’objectif étant de rétablir les fondamentaux. Mais aussi et surtout de clarifier les grands choix de la prochaine décennie sur un certain nombre de questions. Celles-ci se rapportant au positionnement futur de l’économie tunisienne dans l’espace euro-méditerranéen et dans l’économie mondiale. De même que ses implications sur les politiques; notamment d’éducation, d’aménagement du territoire, d’industrialisation, de couverture sociale et de coopération internationale.
Et d’ajouter qu’une vision ambitieuse, faisant de la Tunisie une plateforme régionale de production dans les secteurs où la Tunisie dispose ou est en mesure de disposer d’avantages comparatifs significatifs, dans l’agriculture, l’industrie et les services, pourrait être un facteur de remobilisation et de réorientation vers le futur qui relativiserait considérablement les graves problèmes dans lesquels se trouvent aujourd’hui enlisées la société et l’économie tunisienne et ouvriraient de meilleures perspectives au passage à de nouveaux paliers de développement, à la hauteur du potentiel humain dont dispose le pays.