D’évidence inspirée par le cheikh de Montplaisir, l’initiative présentée par le duo Abdelkrim Harouni et Rafik Abdessalam est perçue par les détracteurs de Rached Ghannouchi comme une manœuvre fallacieuse visant à lui permettre de briguer un troisième mandat quitte à faire une entorse aux statuts du Mouvement.
Non seulement l’initiative prise récemment par le duo Abdelkerim Harouni, fidèle parmi les fidèles, également président du conseil de la Choura le chef et Rafik Abdessalam, le gendre de Rached Ghannouchi, ne satisfait personne ; mais semble au contraire attiser le feu mettant à jour les dissensions profondes entre les détracteurs du cheikh rassemblés au sein du groupe des 100 et ses adeptes inconditionnels prêts à le suivre les yeux fermés.
Quitte à tordre le coup aux statuts qui limitent la présidence à deux mandats depuis le congrès de mai 2007.
Une initiative fallacieuse
Pour rappel, les deux hommes très proches du leader d’Ennahdha qui, en maître-horloger tire les ficelles à sa guise, ont concocté « une solution médiane » à la crise de succession de Ghannouchi. Il s’agit de l’écarter de la tête du parti, lors du prochain congrès. Et ce, tout en le nommant Zaîm du parti islamiste. Lui permettant ainsi d’une part de garder la main sur les instances du mouvement d’Ennahdha et de se présenter à la Présidentielle de 2024 d’autre part.
Mais cette entourloupette de mauvais goût ne passe pas au près des signataires de l’appel des 100. Ainsi, le dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Mohamed Ben Salem, estime que l’initiative présentée par Rafik Abdessalam et Abdelkrim Harouni pour prolonger le mandat de Rached Ghannouchi à la tête du parti « est une manière de se moquer des gens ».
Ben Salem : « Manœuvres du RCD »
Dans un entretien accordé hier vendredi à Shems FM, Ben Salem a qualifié cette initiative de « partiale », puisqu’elle accorde à Ghannouchi une « prolongation masquée », ajoutant que Rafik Abdessalam « n’est pas à blâmer pour cela, étant son gendre ».
Le dirigeant nahdaoui a rappelé d’autre part que personne, y compris Ghannouchi, n’a le droit d’exercer une tutelle sur le parti exprimant l’espoir que le groupe des cents opposé à un 3ème mandat n’ira pas au stade de la scission avec Ennahdha.
Revenant sur l’article 31 du règlement intérieur du Mouvement, lequel n’autorise que deux mandats successifs, Ben Salem compare les tentatives de trouver des échappatoires à Ghannouchi « aux manœuvres déployées par le RCD dissous ».
« Nous voulons sauver le Mouvement et sauver son leader. Nous sommes un parti fier de ses institutions, mais nous avons été impactés par les mauvaises fréquentations. Il n’y a aucune logique à vouloir se maintenir président à vie alors que nous nous sommes dressés contre la présidence à vie de Bourguiba et Ben Ali », a-t-il martelé.
Jelassi : «Des instances caduques et illégales »
Par sa part, Abdelhamid Jelassi, l’ancien dirigeant historique d’Ennahdha, qui avait démissionné du parti avec fracas, a assuré que toutes les instances d’Ennahdha issues du dernier congrès sont « caduques et illégales ». Et ce, depuis le mois de mai dernier.
Jelassi a également accusé ses anciens collègues Abdelkarim Harouni et Rafik Abdessalem, de chercher « des issues illégales à leur chef, comme cette histoire de création du poste de « Zaïm » du parti, pour le Cheikh Ghannouchi ».
Dilou : « Une opération suicidaire »
Même son de cloche de la part du député Ennahdha, Samir Dilou, lequel-en réponse à la possibilité que Rached Ghannouchi se présente à un nouveau mandat à la direction du mouvement après la révision du règlement interne du parti-déclarait « qu’il n’y a personne, quelle que soit son envergure, qui soit valable en tout lieu et en tout temps ».
« L’alternance est un droit politique, juridique, éthique et biologique. Et toute violation du règlement interne ou passage par la force est une opération suicidaire dans laquelle tout le monde perdra ». A averti solennel Samir Dilou.