Comment peut-on analyser le passage médiatique de la présidente du PDL Abir Moussi lors de l’émission RDV9 sur la chaîne Ettassia? Mehdi Ghazzai, consultant en communication politique apporte son éclairage dans une interview exclusive à leconomistemaghrebin.com.
Mehdi Ghazzai estime que Abir Moussi était fidèle à elle-même. Tout en ajoutant: » Abir Moussi a réussi son rendez-vous média. Ceci s’explique essentiellement par deux aspects. »
Selon Mehdi Ghazzai, le premier concerne la cohérence de son discours depuis des mois et la congruence de ses actes : elle annonce ce qu’elle va faire et fait ce qu’elle a annoncé ; son action a toujours été cohérente avec sa parole. Et de poursuivre: « Contrairement à tous les autres acteurs politiques et leurs alliances multiples au gré du contexte, Abir Moussi a passé plus d’une heure à assumer son héritage destourien. Même lorsqu’on lui a diffusé une vidéo de 2012 date de la dissolution du RCD, malgré l’émotion dans ses yeux, et les mouvements de son pied, synonyme de stress et d’émotion forte, elle a su se reprendre la parole et continuer à mener le débat. Ce qui lui confère un Ethos, c’est-à-dire une image d’un leader fort, droite dans ses bottes. »
Et de continuer: « Alors que le deuxième aspect de son intervention a à voir avec le martèlement de son message : se détacher d’Ennahdha et El Karama et de tous ceux qui coopèrent avec eux. En effet, ceci est la première règle en communication politique : marteler son message de façon répétitive, jusqu’à ce qu’il rentre profondément dans l’esprit des téléspectateurs. Même lorsque la discussion est devenue économique, Abir Moussi a insisté sur l’absence de volonté politique et sa solution serait, tout simplement, d’écarter ceux qui sont au pouvoir depuis 2011. »
La présidente du PDL s’est contentée de réinterpréter les situations
En outre, il ajoute: « Cependant, sur plusieurs points, la présidente du PDL s’est contentée de réinterpréter les situations, en renversant complètement la réalité : si son parti se prononce contre la loi de l’égalité dans l’héritage, c’est parce qu’une tierce partie étrangère l’a dictée. Si elle a n’a pas pu rassembler au-delà de son parti, c’est que les autres sont complexés par rapport à elle. Abir Moussi utilise la stratégie de l’épouvantail relevée par Schopenhauer. Il s’agit d’exagérer la position de l’autre afin de pouvoir la réfuter aisément. »
« En somme, son discours était globalement très efficace chez son électorat, mais réussira-t-elle à fédérer au-delà de sa famille politique ? ça sera tout l’enjeu des années à venir. », conclut-il.