Selon des sources concordantes, le dirigeant nahdaoui et ancien ministres des Affaires locales Lotfi Zitoun aurait présenté sa démission. Et ce, non seulement du Conseil de la Choura; mais également de toutes les institutions du parti islamiste. Une défection spectaculaire qui illustre la crise profonde que traverse le mouvement Ennahdha.
Gros nuages menaçants sur Montplaisir pour ne pas parler d’une violente tempête. En effet, Lotfi Zitoun, un poids lourd d’Ennahdha, l’éminence grise, l’ancien conseiller politique et le « fils spirituel » de Rached Ghannouchi vient de quitter le navire.
Et ce, à sa façon, dignement et dans la discrétion qui caractérise cet homme de principes. Même si d’évidence, tout le monde ne partage pas ses convictions idéologiques; mais s’accorde, en revanche, sur son franc parler et sa rectitude morale.
Sans concessions
Déjà, l’ancien ministre des Collectivités locales avait été écarté brutalement et sans élégance par l’ancien chef du gouvernement Elyès Fakhfakh. Alors qu’il ne déméritait point dans son poste. Il aurait donc présenté sa démission. Et ce, non seulement du Conseil de La Choura; mais également de toutes les institutions du parti islamiste.
D’ailleurs, selon la chaîne d’information Al Arabiya relayée par nos confrères d’Al Charâa Al Magharibi dans la soirée du samedi 31 octobre, Lotfi Zitoun s’est également retiré du comité de préparation du 11e congrès d’Ennahdha; tout en refusant de présider le bureau politique du parti.
« Dans sa lettre de démission qui serait effective à compter du 1er novembre 2020, l’intéressé précisait que sa décision ne concerne que le Conseil de la Choura. Or, elle touche toutes les institutions du parti ». C’est ce qu’on peut lire dans le quotidien arabophone.
Deux démissions en deux semaines
Or, si cette information était confirmée, ce serait un coup dur porté à l’image du parti islamiste qui se veut uni et soudé. Puisque Lotfi Zitoun est la deuxième personnalité à claquer, dans un silence assourdissant, la porte d’Ennahda ces dernières semaines. Sachant qu’Emna Dridi, ancienne membre du conseil de la Choura, avait également présenté sa démission le 21 octobre; sans pour autant dévoiler ses motifs. Discipline nahdaoui oblige.
De même, selon les observateurs avertis, le retrait présumé de Lotfi Zitoun du comité chargé de la préparation du 11e congrès d’Ennahdha, renvoyé pratiquement aux calendes grecques, jette une lumière crue sur le débat interne houleux qui divise en profondeur et publiquement le parti islamiste. Car, il devrait en principe élire un nouveau président succédant à son leader historique. Et par ricochet, l’avenir de « lider maximo » Rached Ghanounchi. Sachant que Lotfi Zitoun s’était bien gardé d’être partie prenante de ces tiraillements internes.
Fronde de jeunes loups
En effet, le cheikh qui marche allègrement sur ses 80 ans et qui se croit au dessus de la mêlée, ne souhaite nullement rendre son tablier. Scotché à son fauteuil douillet de Montplaisir, il ne cache plus sa volonté de briguer un troisième mandat. Lequel serait le tremplin pour une éventuelle candidature à la présidentielle de 2024.
Quitte à passer outre le règlement interne et à remettre en cause « la démocratie » au sein de son propre parti. D’où la fronde du groupe des 100 menée par des jeunes loups, à l’instar d’Abdelatif Mekki, de Mohamed Ben Salem et de Samir Dilou . Et dorénavant, de l’imposant Lotfi Zitoun…