Le soulèvement populaire inédit en Algérie, le Hirak, remettait en cause le régime, depuis février 2019. Il réclame l’établissement de la démocratie. Il dénonce la corruption. Le président Abdelaziz Bouteflika, malade et incapable de fait d’exercer le pouvoir, fut alors contraint de démissionner, en avril 2019 après vingt ans de règne.
Un nouvel Etat? Un nouveau président en Algérie? Ainsi, Abdelmadjid Tebboune fut élu en décembre 2019. Son objectif était de rétablir la confiance entre le gouvernement et le peuple. Son slogan faisait valoir la volonté d’ériger « un nouvel Etat ».
La constitution soumise au référendum du premier novembre, anniversaire de la révolution algérienne, serait le couronnement de la politique changement. Elle faisait valoir:
- La reconnaissance du Hirak populaire;
- La prise en compte de la majorité parlementaire, pour le choix du chef de gouvernement;
- L’interdiction de dissolution des partis, par le gouvernement, étant désormais une prérogative judiciaire;
- La reconnaissance de droits des femmes;
- La reconnaissance de l’amazighité;
- La limitation des mandats présidentiels et parlementaires à deux élections.
Mais le régime reste présidentiel.
Le pari du changement
Ce pari du nouveau gouvernement s’inscrivait dans la volonté de s’assurer la légitimité populaire. Le « Oui » l’a, certes, emporté au référendum sur la révision constitutionnelle. Il a recueilli 66,8% des voix. Mais le scrutin a été marqué par une abstention record. Puisque 23,7% d’électeurs ont pris part au vote. Seulement un électeur sur cinq a voté en faveur de la nouvelle Constitution. La participation de la diaspora se réduit à 5%.
Mais, s’agit-il ainsi d’un désaveu cinglant au président Abdelmadjid Tebboune, actuellement hospitalisé à l’étranger? En tout cas, cette abstention atteste la victoire du Hirak.
L’application de la nouvelle Constitution changerait-elle la nature du gouvernement?
Des observateurs pensent que les mutations se traduisent par une application des textes des lois et la mise à l’ordre du jour d’une nouvelle gouvernance. Or, le pouvoir en place garde ses habitudes.
D’ailleurs, les opposants n’ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. Les partisans du Hirak, qui ont prôné le boycott, n’ont pas pu expliquer leurs positions.
Autre exigence des mutations, le changement du personnel politique. Or, à l’exception de certains hommes influents de l’ancien régime, qui ont été écartés ou traduits devant la justice, la campagne politique du référendum a été essentiellement organisée par les partis d’antan, qui changeraient difficilement de moyens d’action.
Alors, le réveil du peuple constituerait la meilleure garantie pour l’institution d’une nouvelle Algérie, démocrate et plus ouverte sur le monde.