Le système électoral américain est l’un des plus complexes au monde pour ne pas dire le plus complexe.
C’est un système qui, de par son originalité, permet parfois au candidat qui a le moins de voix d’électeurs de l’emporter face au candidat qui a le plus de voix. Cela s’est passé en 2000 quand George W. Bush l’a emporté sur Al Gore, bien que celui-ci eût 500.000 voix de plus que son adversaire.
Le même scénario se répétait encore en 2016 en défaveur Hillary Clinton. Puisqu’elle a eu plus d’un demi million de voix que Donald Trump. Et pourtant elle a perdu. Son adversaire entra triomphalement à la Maison blanche le 20 janvier 2017.
Jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, le suspense persiste sur l’identité de celui qui sera à la Maison blanche le 20 janvier 2021…
Cette originalité du système électoral américain trouve son origine dans une disposition constitutionnelle. Celle-ci veut que le président et le vice-président des Etats-Unis sont élus dans le cadre d’un scrutin indirect.
En d’autres termes, c’est un Collège de grands électeurs qui désigne le président et le vice-président des Etats-Unis. Chaque État dispose d’un certain nombre de ces grands électeurs.
A titre d’exemple, la Californie a droit à 55 grands électeurs, le Texas 34, New York 31, la Floride 27, la Pennsylvanie 21 etc. Il va sans dire que le nombre reflète l’importance de la population de l’Etat en question. C’est pour cela que la Californie qui compte 40 millions d’âmes dispose du plus grand nombre de grands électeurs.
The winner takes all
Selon la règle « The winner takes all » (le gagnant prend tout), le nombre des grands électeurs de chaque Etat est intégralement attribué à la paire de candidats président/vice-président qui y a remporté le plus de voix. Ces grands électeurs se réunissent ensuite dans la capitale de leur État respectif pour élire le président et le vice-président.
Il est à rappeler que le collège électoral compte 538 grands électeurs, soit autant que de membres du congrès (535) auxquels s’ajoutent les trois grands électeurs du district de Columbia (Washington la capitale de l’Etat fédéral). Le candidat qui remporte 270 voix du collège électoral est déclaré vainqueur.
La nature et la complexité du système électoral font l’objet de critiques par une partie de la population américaine. Elle le considère comme « une aberration » dans le sens où il permet l’élection d’un candidat qui n’a pas la majorité des suffrages populaires.
En effet, ses critiques ont proposé une réforme intitulée « National Popular Vote Interstate Compact” (Accord inter-États du vote national populaire ») visant à faire élire le président américain de facto au scrutin direct. En 2006 un certain nombre d’Etats l’ont signé.
Jusqu’en juillet 2020, 15 Etats et le district de Columbia ont signé cet « Accord inter-Etats ». 35 Etats traînent encore les pieds pour signer l’Accord.
Visiblement les Américains s’attachent encore à la complexité de leur système électoral et ne redoutent nullement les incongruités qu’il génère.