L’absence d’une vision de réformes claire qui devrait servir de base pour l’élaboration des budgets de l’Etat durant les 10 dernières années, est la raison principale de la crise économique. C’est du moins ce que pensent les experts économiques présents, lundi, à la conférence organisée par la commission parlementaire des Finances, de la planification et du développement.
Les réformes ont traversé de bout en bout les intervention des économistes. L’ancien ministre des Finances, Ridha Chalghoum a épinglé cette absence de vision durant les 10 dernières années. Il estime que le prochain plan quinquennal devrait se baser sur une vision à l’horizon 2030.
Chalghoum a aussi, mis l’accent sur l’impératif de mettre en œuvre une diplomatie économique. Pour lui, le parlement doi yt contribuer. Pour lui, les lois de finances complémentaires ou initiales devraient instaurer des mesures pratiques. Même si certains sacrifices sont demandés au citoyen.
De son côté, l’autre ancien ministre des Finances, Hassine Dimassi a déclaré « nous avons commis de grandes erreurs en matière de finances publiques durant les 10 dernières années ». « Les pertes économiques présentes ne sont pas le résultat de la pandémie de COVID-19 même si la pandémie les a aggravés davantage, mais plutôt des grandes erreurs commises durant les dernières années ».
Une série de recommandation
Dimassi a, à ce titre, avancé une série de recommandations pour surmonter le manque de recettes propres. Il propose essentiellement, de réduire les dépenses, notamment celles relatives aux salaires (20 milliards de dinars) et à la compensation (4 milliards de dinars).
« Il faut se débarrasser des dépenses de compensation à travers un plan sur les trois années à venir et redonner la priorité aux dépenses d’investissement et de développement, notamment en ce qui concerne l’infrastructure (écoles, universités, hôpitaux…) », a-t-il soutenu.
Pour sa part, l’ancien ministre auprès du Chef du Gouvernement, chargé des grandes réformes, Taoufik Rajhi, a recommandé de rationaliser les dépenses de l’Etat pour l’année 2021, de 2 milliards de dinars. Il propose , également, de conclure un accord avec le FMI. L’objectif étant de permettre à la Tunisie de sortir sur le marché financier international. Par ailleurs, il propose la création d’une caisse d’amortissement de la dette sociale et une agence de trésorerie chargée de la mobilisation de ressources pour le compte de l’Etat.
Absence d’une vision de réformes
Intervenant à la conférence, l’ancien ministre du développement, de l’investissement et de la coopération internationale, Fadhel Abdelkefi, a fustigé, à son tour, «l’absence d’une vision de réformes durant les 10 dernières années durant lesquelles aucune réforme n’a été mise en place ». Il a insisté sur l’importance de soutenir l’investissement, en révisant ou en annulant certaines lois.
Le PDG de CAP Bank Habib Karaouli, a considéré qu’il faut profiter du prochain plan de développement. L’objectif étant concevoir un programme économique. Pour lui, ce programme devrait se reposer sur les transitions énergétique, numérique et environnementale.
Il a, par ailleurs, évoqué la nécessité de réduire d’au moins 3 milliards de dinars, les dépenses de l’Etat pour l’année 2021. Il estime que chaque ministère est appelé à réduire ses dépenses de 15%. Et ce à l’exception des ministères de la santé, de l’éducation, de la justice et de la culture.
Karaouli a, en outre, proposé de céder les participations de l’Etat dans certaines banques. Et ce à l’instar de banque Al Baraka et de la Banque de Tunisie et des Emirats. Et de consacrer les revenus de cession à la restructuration du secteur.
« Le budget devrait être un levier pour le développement et un catalyseur de Partenariat Public Privé ». Précise l’ancien gouverneur de la BCT Taoufik Baccar. L’intervenant recommande de cesser les hommes d’affaires et l’administration. Selon l’économiste, l’économie repose sur la confiance.
Rétablir la confiance
.Baccar a plaidé pour la réforme de l’administration et des entreprises publiques. Il propose, également l’optimisation du contrôle fiscal et la résolution des problèmes logistiques notamment ceux liés au port de Radès.
Le président de la commission parlementaire Haikel Makki, a considéré que la version actuelle du PLF 2021 est inacceptable. Car elle est fondée sur des hypothèses optimistes, voire illusoires. Alors que les budgets devraient normalement être conçus sur la base des pires hypothèses possibles.
Il a souligné que cette conférence est un premier pas sur la voie de l’instauration d’un dialogue socio-économique futuriste. Et de préciser dans une déclaration à l’agence TAP, que «les discussions sur le PLF complémentaire 2020 prendront fin vers la fin de la semaine en cours, pour se pencher par la suite sur la discussion du PLF 2021 ».
Avec TAP