Les médias américains ont annoncé, mardi 7 novembre, l’élection de Joe Biden. Il sera le 46ème président des Etats-Unis.
Joe Biden prendra le pouvoir le 20 janvier 2021. La remise en question, devant la justice, des élections est une position stratégique de Trump. Pourra-t-il obtenir le soutien de la Haute cour, alors qu’il y a désigné trois de ses membres? Le président Trump, qui veut continuer le feuilleton électoral, pourrait retarder la victoire de son rival, sans cependant, obtenir gain de cause.
L’élection américaine fut, en fait, un référendum sur la personnalité de Donald Trump. L’électorat américain, n’aurait pas apprécié ses discours populistes et ses surenchères. Mais ses options politiques, – fussent-elles excessives telles que la rupture de l’accord avec l’Iran ou la remise en cause de la politique de protection sanitaire, initiative d’Obama! – avaient leurs adeptes.
La démarcation ne semblait pas constituer un enjeu important. Mais le conflit racial – « l’assassinat » par des policiers de manifestants noirs – suscita une préférence de l’électorat noir pour l’ancien vice-président d’Obama. Alors que Trump n’avait pas cru devoir dénoncer sévèrement les dérives policières.
La majorité des électrices avaient, d’autre part, été plus favorables à Biden, considérant certaines expressions antiféministes de Trump. Le choix de Kamala Harris en tant que première vice-présidente, dans l’histoire des USA leur donne satisfaction. Etant fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, elle accroît la base électorale de son président.
Quelles seraient les répercussions de la victoire de Joe Biden? Certes, le pouvoir exécutif aux Etats-Unis repose essentiellement sur le président.
Mais la réalité politique est plus complexe: tout Président aussi fort soit-il doit composer avec le Congrès. Toute décision ne peut être que le produit de négociations et de compromis parce qu’elle est le résultat non d’une volonté unique mais de volontés multiples constitutionnellement mises en concurrence.
D’autre part, le jeu politique des lobbys est souvent très important. Les industriels de l’armement, par exemple, bouleversent l’équilibre. Leur influence a été révélée particulièrement forte sur la diplomatie américaine
Depuis la guerre du Vietnam. Ces éléments constituent, de fait, les composantes effectives de l’Establishment américain.
Carte des alliances américaines
La politique étrangère fait valoir les intérêts de l’Etat. Tout président doit les prendre en compte, sans attitude subjective, ou choix unilatéral. Joe Biden considère nécessaire la carte des alliances américaines. Sa marge de manœuvre est, de ce point de vue limitée. Au Moyen-Orient, l’alliance avec les pays du Golfe et l’opposition à l’Iran ne sauraient être remises en question.
Le nouveau président pourrait atténuer le conflit avec l’Iran, que le Président Trump a réactivé. Pourrait-il reprendre en compte l’accord de Vienne signé entre les pays du groupe « P 5+1 » (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), que le président Trump a suspendu? La nouvelle donne remettrait à l’ordre du jour de nouvelles négociations avec l’Iran.
En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, le nouveau président rééquilibrait la politique de l’équipe Trump, par une réactivation du processus de paix. D’autre part, le soutien de la donne islamique du “printemps arabe’’ – une initiative de la Secrétaire d’État Hillary Clinton ? – suscite des inquiétudes.
Le retour au multilatéralisme semble exclu, vu l’affirmation des intérêts majeurs de la grande puissance. Mais Biden pourrait atténuer les rivalités avec la Russie et la Chine, réactiver la politique de coexistence, sans abandonner les velléités protectionnistes américaines, vis-à-vis de l’Union Européenne et des différents partenaires.