« La liberté d’expression est menacée en Tunisie ». C’est ce qu’estime Amnesty International. Cette ONG relève une hausse continue des poursuites judiciaires pour des publications sur Facebook contre des internautes. Et ce, en raison de simples critiques envers les autorités.
En effet, un rapport rendu public, aujourd’hui appelle les autorités tunisiennes à cesser immédiatement de poursuivre en justice des personnes n’ayant fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression en ligne. Le rapport d’Amnesty considère que les autorités tunisiennes utilisent des lois largement dépassées, excessivement vagues et répressives.
En effet, Amnesty International a constaté qu’au moins 40 blogueurs, administrateurs de pages Facebook très suivies, militants politiques et défenseurs des droits humains ont été poursuivis en justice entre 2018 et 2020 pour avoir simplement publié en ligne des contenus critiquant les autorités locales, la police ou d’autres représentants de l’État.
Ainsi, Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International exprime son inquiétude. Pour elle, la situation est extrêmement préoccupante. Car, dix ans après la révolution, des blogueurs et militants demeurent la cible des poursuites pénales. L’activiste précise que les poursuites judiciaires se font en vertu de lois qui datent de l’époque où la Tunisie vivait sous un régime répressif.
« Au lieu d’essayer de museler la critique, les autorités tunisiennes feraient mieux de défendre le droit de toute personne de s’exprimer librement. Et en toute sécurité sans avoir à craindre de représailles », déclare-t-elle.
Une priorité législative
A cet égard, la responsable au sein de l’ONG affirme que « ces poursuites judiciaires menacent les progrès réalisés jusqu’à présent en matière de protection des droits humains en Tunisie ». Ainsi, pour elle, le droit à la liberté d’expression est l’une des valeurs durement acquises de la révolution. D’ailleurs, pour cette raison, l’ONG appelle « les autorités législatives à placer au rang de leurs priorités la réforme de toutes les lois largement dépassées et excessivement vagues qui permettent la répression ». L’objectif étant « afin d’éviter un nouveau retour en arrière et de respecter pleinement l’obligation de la Tunisie de garantir le droit à la liberté d’expression »
En effet, Amnesty International appelle les autorités tunisiennes à protéger la liberté d’expression en Tunisie. Et ce, en abandonnant toutes les charges qui pèsent sur des personnes visées par des enquêtes ou des poursuites pour le seul exercice pacifique de leur droit à la liberté d’expression. A travers l’arrêt de toutes les poursuites pénales pour des infractions liées à l’expression. Par ailleurs, l’ONG propose de donner pour consigne aux agents de l’État de cesser d’engager ou de menacer d’engager de telles poursuites.
D’ailleurs, la campagne d’Amnesty International interpelle les autorités tunisiennes. Elle lance un appel à cesser de poursuivre des personnes. Il s’agit des personnes n’ayant fait qu’exercer leur droit légitime à la liberté d’expression pacifique. Elle leur demande de réformer les lois qui menacent la liberté d’expression.
Par ailleurs, l’organisation demande aussi aux parlementaires tunisiens de réformer en toute priorité les textes législatifs qui érigent en infraction. Ainsi que les lois qui limitent de toute autre manière l’expression légitime. La diffamation doit être traitée uniquement comme une question de droit civil, propose-t-elle.
Avec TAP