L’Unicef vient de publier un rapport sur « La situation des enfants en Tunisie en 2020 ». Objectif: comprendre dans quelle mesure les droits des enfants, filles et garçons, sont respectés. L’élaboration du rapport a été faite entre décembre 2019 et février 2020. Son actualisation avait lieu sur la base des données issues des différentes analyses sur l’impact de la Covid-19.
Ainsi, le rapport consacre sa deuxième partie à une évaluation du niveau et de la qualité du financement public des services destinés aux enfants en Tunisie. Car, leur situation se distingue par une iniquité sociale importante. Selon le même rapport, le contexte socio-économique peu favorable aggrave cette situation. En mettant en péril la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Pour sa part, Mme Lila Pieters, Représentante UNICEF Tunisie, souligne que l’analyse montre l’existence de disparités importantes. Tandis qu’un important progrès peut être constaté dans des domaines critiques tels que la mortalité de l’enfant.
Deux millions de Tunisiens sans couverture contre le risque maladie
En effet, les indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité des enfants sont largement supérieurs à ceux des adultes. Alors que plusieurs défis importants ont été relevés dans le domaine de la santé de l’enfant. Mais aussi de la qualité de l’éducation et de la violence contre les enfants.
Et d’ajouter que: « Dans un contexte marqué par l’émergence de l’épidémie Covid-19, l’urgence de la mise en œuvre des recommandations émises par ce rapport se confirme davantage. Compte tenu de l’aggravation des vulnérabilités et des exclusions. Celles-ci menacent particulièrement les enfants. »
Parmi les conclusions de ce rapport, on peut lire, dans la partie liée à l’équité des dépenses, que les mécanismes de protection sociale de santé sont fragmentés. Ils laissent presque deux millions de Tunisiens, incluant une proportion importante d’enfants, sans couverture contre le risque maladie, avec des effets graves quant à l’accès aux soins.
Environ 18% des enfants de moins de cinq ans ne bénéficient pas de ces mécanismes d’assurance ou d’assistance médicale. En effet, ce niveau d’exclusion, ainsi que les insuffisances de l’offre dans le système public de santé, telles que les pénuries de médicaments, obligent les patients assurés et les bénéficiaires de l’assistance médicale à recourir aux services privés et à mettre la main à la poche.
Le financement de la santé favorise les régions les plus aisées!
Les paiements directs de santé (OOP) des ménages comptent pour 39% des dépenses courantes de santé. Ce niveau élevé des OOP, ajoute le rapport, compromet l’équité de l’accès aux soins. Il met un nombre important de ménages à risque en situation d’appauvrissement.
Par ailleurs, le financement de la santé favorise actuellement les régions les plus aisées. La concentration des centres hospitaliers universitaires et des ressources humaines spécialisées dans les grandes villes du littoral sous-tend les disparités. Celles-ci sont aggravées par la forte concentration du secteur privé dans ces mêmes zones urbaines.
Par contre, dans les gouvernorats de l’intérieur, peu de centres de santé de base sont ouverts tous les jours. Et dans quelques localités les consultations sont disponibles à peine un jour par semaine. Notons que dans les gouvernorats les plus défavorisés, où les taux de pauvreté sont les plus élevés, les établissements sanitaires ont moins de ressources. Et ce, en raison de la proportion d’utilisateurs bénéficiaires de la gratuité de soins.