Il s’agit d’une tendance: faire un usage de la « darija » dans la presse en ligne. Une tendance qui ne peut que réveiller des inquiétudes et pas seulement parmi les puristes.
« Al Wazir: Asaâr likah courouna mouch galia » (Les prix du vaccin du Coronavirus ne sont pas chers). Voici un des titres en « darija » qui commencent à fleurir dans des contenus dans la presse en ligne. Quoi de plus normal pourraient dire certains. Peut-être… A condition sans doute que cela ne devienne pas une tendance. Ce qui est cependant le cas: plus d’un média y recourt. Même si cela ne peut être qualifié de phénomène médiatique.
Pourquoi pas pourraient diraient donc certains? En faisant remarquer que cela fait quand même un petit bout de temps que des tabloïds tunisiens (journaux dits populaires) font un usage de titres en « darija » (langue parlée en Tunisie). Où résiderait donc le problème?
En effet, il s’agit d’une tendance qu’on ne peut taire. Le rôle d’un média n’est-il pas de rendre compte des évolutions dans la société? L’ancêtre du journaliste n’est-il pas, nous dit le journaliste français Bernard Voyenne dans son livre « L’information aujourd’hui (Editions Armand Collin, 1979) cette sorte de sentinelle des sociétés primitives qui scrutait sur les hauteurs les arrivées dans sa commune?
Reste que cela n’est pas toujours pour plaire et pas seulement aux puristes. Ce recours à la « darija » n’est-il pas un mélange des genres? Pourquoi donc mélanger l’arabe dialectal avec l’arabe littéraire? N’est-il pas meilleur de s’en tenir à une seule et unique langue. La presse en « darija », cela a toujours existé en Tunisie. Comme ailleurs. Sans que cela ne provoque de vagues. Bien au contraire. Le problème n’est donc pas là. Mais opérer un mélange entre deux langues est une autre paire de manche!
Gravissime
D’autant que ce mélange des genres va encore plus loin. « « Cypher » Alaa netflix… mouselsel ameriqui bi ikhraj tounsi yalka najahaa » (Cypher, sur Netflix…un feuilleton américain mis en scène par un Tunisien trouve un succès). Voici un titre rencontré également dans la presse en ligne tunisienne.
A cela faut-il ajouter l’usage de quelques écritures présentant des lettres de l’alphabet utilisées par les familiers de facebook et des SMS qui apparaissent également de temps à autres dans des contenus en ligne? En fait ces mots composés à la fois de chiffres et de lettres.
Une réalité qui fait mal pour certains et pas seulement parmi les puristes. Car, ce mélange des genres est gravissime pour les formateurs. Puisqu’ils craignent que les élèves et étudiants, dont certains sont des accrocs de l’internet, ne s’enlisent davantage dans une dégradation de leur capacité. Et ce, à faire un bon usage de la langue bien nécessaire lorsqu’on veut réussir la communication dans le milieu professionnel.
Déjà, au sen des entreprises on ne cesse de se plaindre de cette incapacité à bien communiquer. Car, la communication reste un des piliers de ces softs skills jugées indispensables à tout parcours professionnels.