« Les Mauxdits » est un recueil de poèmes de Hend Abdelkefi. Il vient de paraître aux Editions l’Or du Temps. Il est disponible dans plusieurs librairies du Grand Tunis. Ainsi que sur la librairie en ligne www.ceresbookshop.com et chez l’éditeur.
« Les Mauxdits » de Hend Abdelkefi ne sont pas, selon une présentation du Professeur Moncef Taieb, doyen de la faculté des Lettres, des arts et des humanités de l’université de la Manouba, de simples poèmes réunis dans un recueil. Ils sont l’aboutissement inachevé et inachevable d’une quête insolite et insatiable d’un absolu à la fois immanent et insaisissable. La douleur est le nœud gordien de tous les poèmes de Hend.
Mais cette douleur traduite par des mots arrachés à la peau du langage ne se niche pas dans le sujet charnel ou poétique. Mais s’apparente à un cri discontinu qui va du sol pierreux du moi à la nébuleuse du tout. Tout se concentre dans l’infiniment léger du corps dans ses contorsions indéfinissables. Comme s’il mimait les convulsions explosives de l’infiniment grand. Dans ses textes, les schèmes sont judicieusement construits autour d’une pluralité de personnages, du minéral au transcendantal. Et ce en passant par le végétal et l’animal. À travers ce fouillis scénique transparaît le schème de l’humain incarné par un être souffrant et s’offrant à toutes les expériences du corps charnel et poétique et à toutes les expressions du mal d’écrire. L’altérité troublante de ces poèmes n’est pas nécessairement troublante au sens de l’odieux ou de l’inhumain.
Un recueil de poésie écrit avec les tripes
C’est l’expression et l’expérience de l’altérité dans une posture où l’Autre naît de soi-même. Et ce à travers cette « inquiétante étrangeté » développée par Freud et Lévinas. Maffesolli considère que l’autre absolu c’est lui, c’est à dire Dieu. Hend a réussi par le biais de mots simples à construire l’expérience de l’être dans son ubiquité, sa transcendance et son immanence. Une expérience mystique menée par le truchement de la poésie. Lui tant recherché par la poétesse est finalement elle. Ce genre d’écriture poétique est continuellement ouvert sur une altérité subjuguante, subversive et sublime.
Hend Abdelkefi est poétesse, pianiste et assistante en musicologie et anthropologie culturelle à l’université de Tunis. Elle a publié plusieurs articles au sujet du rythme du langage, du rythme musical, de la transmission culturelle, de la transe…
Paru en novembre 2020 aux éditions l’Or du Temps, son recueil « Mauxdits » regroupe des poèmes écrits, pour leur grande majorité, en 2009. Ils sont autant de cris de douleurs retentis le long du cheminement de l’auteure les douze dernières années précédant la publication de ce recueil.
Ces plaintes sont toutefois tempérées par de nombreux rayons de paix illuminant l’ensemble d’une singulière rythmique. Maudits d’avoir les maux dit, ou maudits de les avoir tus. Les personnages animés par ces poèmes donnent corps à des symptômes de telle ou telle névrose. Ils content ainsi, à travers diverses perceptions, la même et unique aspiration au droit d’être ici, maintenant. Plus récents, d’autres sont visibles sur sa page facebook « Comme ça vient ».
Hend milite également pour la défense des droits des animaux. La poétesse se charge de sauvetage et de stérilisation de chiens et de chats errants, abandonnés ou accidentés. Elle leur prête sa voix dans nombre de ses poèmes. Elle appelle, notamment, aux côtés des autres activistes tunisiens, à l’élaboration d’un projet de loi contemporain régissant les rapports entre animaux et citoyens, municipalités, professionnels de l’agroalimentaire et des structures de loisirs impliquant des animaux telles que les zoos.
Avec TAP