L’émissaire par intérim de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, vient d’annoncer que le Forum du dialogue national libyen est parvenu à s’accorder sur la tenue d’élections générales. Et ce, le 24 décembre 2021, date de l’indépendance de la Libye.
Alors, est-ce une percée majeure dans le Forum du dialogue inter-libyen? Lequel se tient depuis le 9 novembre en cours sur le sol tunisien sous l’égide de l’ONU. Il est légitime de nourrir l’espoir de sortir la Libye des conflits qui la déchirent depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011.
Car, pour rappel, la Libye est aujourd’hui déchirée entre deux autorités rivales. Avec d’un côté, le gouvernement d’Union nationale de Foued Sarraj (GNA), basé dans l’Ouest à Tripoli. C’est celui que reconnaît l’ONU, mais pour combien de temps? Et de l’autre côté, un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est.
« Une journée cruciale pour la Libye »
A cet égard, les 75 délégués libyens de tout bord représentant toutes les franges de la société libyenne sont parvenus à Gammarth (Tunis) à un accord historique. C’est le premier résultat visible de leur dialogue lancé il y a une semaine. Lequel prévoit l’organisation d’« élections nationales » le 24 décembre 2021. Date symbolique qui correspond à celle de l’indépendance de la Libye.
En effet, « c’est une journée cruciale pour l’histoire de la Libye et une date très importante pour les Libyens qui pourront renouveler leurs institutions ». Ainsi déclarait l’émissaire par intérim de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, lors d’une conférence de presse virtuelle.
Pour la responsable onusienne, ce Forum de dialogue politique réuni en Tunisie représente « la meilleure occasion pour mettre fin aux divisions dans ce pays. Les participants au Forum se sont accordés sur l’organisation d’élections nationales le 24 décembre 2021 », a ajouté Mme Williams.
En outre, à noter que la veille, Mme Williams avait annoncé que les 75 délégués libyens étaient « parvenus à une feuille de route préliminaire. Et ce, pour mettre fin à la période de transition et organiser des élections présidentielles et parlementaires libres, justes, inclusives et crédibles ».
Accord fragile
Toutefois, l’émissaire de l’ONU en Libye est consciente de la fragilité de cet accord. Car, au cours de ces dernières années, plusieurs initiatives diplomatiques et des accords ayant annoncé des dates pour des élections n’ont pas abouti. Ainsi, depuis la cessation en juin des hostilités entre le GNA et le camp Haftar, plusieurs séries de pourparlers inter-libyens ont eu lieu en Allemagne, en Egypte, au Maroc, en Suisse et à Ghadames, en Libye; mais sans parvenir à un accord dûment signé.
« Les Libyens craignent une présence étrangère qui s’éternise dans leur pays. Ils expriment clairement le souhait de reconquérir leur souveraineté. Or, on ne peut la reconquérir que par le vote », a argué Mme Williams.
La charrue avant les bœufs?
Cependant, l’accord de Tunis ne fait pas l’unanimité en Libye. Pour preuve, l’annonce d’élections en décembre 2021 par l’émissaire onusienne est « illégale », aux yeux d’Abdumonem al-Shérif, membre de l’Assemblée constituante qui a rédigé le projet de Constitution. Selon lui, « elle n’a pas le droit de faire cela. L’Assemblée constituante a rédigé un projet de Constitution. La Chambre des représentants et le Conseil d’État ont adopté une loi sur le référendum. Les Libyens doivent se prononcer sur ce projet par référendum ». C’est ce qu’il a encore martelé.
Un argument réfuté par les experts de l’ONU qui expliquent que les différentes institutions libyennes n’ont jamais réussi à faire adopter ce projet de Constitution. Et qu’au vu de la division du pays, il faut avancer vite. En parallèle, rien n’empêche de plancher sur l’adoption de la Loi fondamentale. Et ce, avant la tenue des élections nationales.