La présidente de la Chambre syndicale des fabricants de pâtisserie, relevant de l’UTICA, Samia Dhiab, a lancé, mardi, dans une déclaration à l’agence TAP, un cri d’alerte contre la marginalisation de cette activité. Elle dénonce l’ampleur prise par l’informel qui nuit à l’image du secteur organisé et menace sa pérennité.
Dhiab a fait savoir que la Chambre syndicale des fabricants de pâtisserie essaie actuellement de cerner le nombre des pâtisseries opérant dans l’informel. Et ce malgré la difficulté de la tâche. L’intervenante affirme que la Chambre n’a de représentations régionales que dans 18 gouvernorats. Ainsi, ce facteur rend la tâche difficile de cerner la vraie proportion que représente l’informel. Face aux 8000 pâtisseries opérant dans le secteur organisé sur tout le territoire, la Chambre a pu, jusque-là, recenser près de 6000 pâtisseries informelles dans les seuls gouvernorats de l’Ariana (1293) et de Sfax (4200).
L’intervenante affirme que l’ampleur prise par l’informel a mis en difficulté le secteur organisé. D’ailleurs, elle affirme que la Chambre reçoit tous les jours des appels de détresse de pâtissiers. Ces derniers trouvent des difficultés à faire face à leurs charges. Ils risquent même de fermer leurs pâtisseries. Les ventes en ligne de produits pâtissiers qui ne sont soumises à aucun contrôle de l’Etat a, aussi, favorisé le secteur informel au détriment du secteur formel. Déplore-t-elle.
La présidente de la Chambre a ainsi appelé à réviser la TVA appliquée au secteur. L’objectif étant d’alléger les charges des pâtissiers d’une part et inciter les acteurs de l’informel à régulariser leur situation et à intégrer le secteur organisé d’autre part. Pour elle, la pâtisserie est un secteur artisanal. C’est la raison pour laquelle elle propose une TVA de 7% au lieu d’une TVA de 19% actuellement. La présidente de la Chambre estime que cette démarche confortera le secteur formel et attirera les acteurs de l’informel.
Elle a, par ailleurs, plaidé pour la suppression de la taxe de 1% imposée au secteur au titre de la subvention. « Nous n’utilisons ni le sucre subventionné ni l’huile subventionnée, pourquoi devons-nous donc nous soumettre à une telle taxe ? » s’interroge-t-elle.
Dhiab a aussi évoqué la cherté des matières premières dont les prix ont quasiment doublé ou triplé, durant les dernières années.
Elle affirme que, depuis quelques années, les pâtissiers achetaient les amendes à 17 dinars le kilo. Alors que leur prix actuel est aux alentours de 40 dinars voire plus. Elle cite un autre exemple, le kilo de pistaches a frôlé l’année dernière les 100 dinars. « Alors que ces produits sont des produits locaux » rappelle-t-elle.
La présidente de la Chambre affirme, également, que l’Office du commerce de Tunisie refuse toujours d’accorder aux professionnels du secteur des quotas d’importation de certains produits. Et ce à l’instar des noisettes. « Ils confient l’importation de ces produits à des hommes d’affaires qui nous font supporter des prix exorbitants » explique-t-elle. « Tout cela a un impact sur les prix de nos produits finaux et partant sur nos ventes » lance-t-elle.
La responsable a également appelé à une meilleure coordination entre les différentes autorités de contrôle. La présidence de la Chambre a, d’autre part, appelé à mettre à jour le cahier de charges du secteur. Car il n’a pas été actualisé depuis 1989, à l’exception de quelques articles qui ont été révisés en 1993. Elle propose la révision des critères d’octroi des autorisations.
D’après elle, il faut soumettre les produits pâtissiers à des analyses sanitaires. L’objectif étant de veiller au respect des normes sanitaires et de qualité. Elle souligne la nécessité de garantir des coûts acceptables pour ces analyses. Il est aussi, nécessaire d’améliorer la communication officielle qui concerne le secteur.
Elle a, en outre, appelé à garantir un meilleur accès des professionnels de la pâtisserie, au financement. Et ce en leur garantissant l’accès à des crédits bancaires sans intérêts. L’objectif étant de les aider à faire face à leurs charges, surtout face aux répercussions de la pandémie. L’intervenante affirme que la pâtisserie est un secteur marginalisé qui traîne ses difficultés depuis de longues années. De ce fait, il est temps de lui accorder de l’intérêt.
Avec TAP