Le dialogue entre les Musulmans et l’Occident, la cause palestinienne ainsi que le dossier du conflit libyen. Tous ces sujets étaient au cœur de la visite d’Etat que le président Kaïs Saïed vient d’effectuer à Doha, capitale du Qatar.
En effet, le chef de l’Etat Kaïs Saïed était en visite d’Etat de trois jours au Qatar. Elle s’achevait hier lundi. C’est ce qu’annoncent les deux pays qui ambitionnent de promouvoir le dialogue entre les musulmans et l’Occident. Et ce, en proposant d’organiser une « conférence occidentalo-islamique ». L’objectif étant de créer une meilleure compréhension et de surmonter les obstacles qui apparaissent après certaines opérations terroristes ». C’est encore ce qui ressort d’une conférence de presse qui se tenait dimanche 15 novembre à Doha.
Islam et extrémisme
Ainsi, cette conférence occidentalo-islamique aurait également pour but d’« éviter de confondre les musulmans avec ces extrémistes qui prétendent être musulmans ». Car il est « nécessaire de faire la différence entre les vrais objectifs de l’Islam et le terrorisme; lequel n’a absolument rien à voir avec l’Islam », assure le président tunisien.
Alors, le président tunisien Kaïs Saïed et le Qatar ont-ils opté pour la voie du dialogue entre les musulmans et l’Occident? Afin d’éviter les réactions islamophobes après les opérations terroristes ayant frappé l’Europe et la France, en particulier?
Une réponse à Macron?
A cet égard, il est évident que l’initiative tuniso-qatarie est une réaction aux récentes déclarations du président français Emmanuel Macron sur les caricatures visant le Prophète de l’Islam. Perçues comme hostiles à l’Islam, ces déclarations avaient suscité une vague d’indignation à travers le monde musulman.
Refus du « deal du siècle » de Trump
D’autre part, et sur un autre volet, Kaïs Saïed profitait d’un entretien avec l’Agence de Presse du Qatar pour faire observer que la cause palestinienne « demeure centrale et constante. Même si certains essayent vainement de l’exclure du champ d’intérêt du citoyen arabe. Elle restera une cause centrale pour la communauté arabe et musulmane ». Une allusion à l’abjecte « deal du siècle » prôné par le président Trump; et surnommé la « claque du siècle » par les Palestiniens? Ainsi qu’un appel du pied au nouveau président élu Joe Biden?
Puis, invoquant certains pays arabes ayant choisi la normalisation avec Israël à l’instar des Emirats, du Bahreïn et du Soudan, Kaïs Saïed a choisi la voie de la prudence. En déclarant ne pas vouloir s’ingérer dans les affaires des autres pays, car « ils sont libres dans leur choix ».
Et d’expliquer à ce propos: « Je ne préfère pas utiliser le terme « normalisation », car il était inexistant auparavant. Il est apparu juste après la signature des Accords de Camp David ».
Libye : vers un changement d’alliance ?
Enfin, et concernant le conflit libyen qui semble être au cœur de la visite du chef de l’Etat au Qatar, rien n’a filtré sur les discussions entres les deux parties. A l’exception d’un laconique communiqué où la Tunisie et le Qatar ont souligné dimanche « la nécessité d’encourager les parties libyennes à aller de l’avant dans les consensus pour parvenir à la stabilité et la sécurité en Libye ».
Faut-il souligner à ce propos la divergence de l’approche des deux pays concernant le conflit libyen? En effet, le Qatar parrain de l’Islam politique et partie prenante du conflit libyen, joue un rôle important en Libye. D’ailleurs, Doha vient de signer le mois dernier un accord sécuritaire avec le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez Sarraj.
En revanche, la diplomatie tunisienne est plus soucieuse de maintenir un semblant d’équilibre entre les deux belligérants de l’Ouest tripolitain et l’Est cyrénaïque du maréchal Khalifa Haftar qui se disputent le pouvoir en Libye.
Par ailleurs, la visite d’Etat du président de la République tunisienne à la petite monarchie du Golfe, où il fut reçu avec les honneurs, signifie-t-elle que le Doha mise désormais sur Kaïs Saïed pour jouer un rôle plus actif dans le bourbier libyen? Et ce, aux dépens de son allié traditionnel le parti islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi?