Après une matinée émaillée de scènes de violence à Tataouine, le coordinateur général des sit-inneurs d’El Kamour, Dhaw El Ghoul, a été libéré hier mardi. Et ce, quelques heures après son arrestation à Djerba dans le cadre d’une affaire de droit commun. Une décision surprenante à plus d’un égard!
Par quelque bout que l’on prenne cette affaire, ce qui s’est passé hier à Tataouine révèle que le pouvoir judiciaire a fait machine arrière. Probablement pour apaiser les esprits et conserver une soi-disant paix sociale à El Kamour. Mettant ainsi en péril ce qui reste de l’autorité chancelante de l’Etat.
Sinon comment expliquer la libération d’un homme impliqué dans une grave affaire de droit commun, sous la pression de la rue? Alors que, il y a quelques jours, et dans une autre affaire beaucoup plus banale, un citoyen lambda ayant dérobé deux boîtes de thon dans un centre commercial a écopé de trois mois de prison ferme?
Diktat de la vox populi
En effet, la ville de Tataouine a connu des scènes de violence, le matin du mardi 17 novembre 2020. Les manifestants ayant bloqué la route reliant la région à Medenine au niveau du rond-point d’Ennour. Ils ont mis le feu à des pneus. Et ce, suite à l’arrestation du coordinateur des sit-inneurs d’El Kamour, Dhaw El Ghoul, à Djerba.
Toutefois, la ville de Tataouine retrouvait son calme. Après que celui-ci finissait par être libéré le jour même. Et ce, seulement quelques heures après son arrestation dans le cadre d’une affaire de droit commun. Ce qui permettait de mettre fin aux violences et de calmer la colère des manifestations.
Or, en raison des chefs d’accusation qui pèsent sur le sit-inneur, on a du mal à digérer cette surprenante libération. Et pour cause.
Un crime gravissime
En effet, le porte-parole du Tribunal de première instance de Tatouine, Kacem Mozgar, a déclaré que le prévenu avait commis un crime de droit commun. Et ce, pour avoir agressé une patrouille de la garde douanière. Mais aussi s’être emparé de marchandises de contrebande (cigarettes). Et enfin pour avoir libéré des individus arrêtés. Cette affaire remonte au mois de septembre 2020.
Car, « Dhaw El Ghoul a commis un crime de droit commun fin septembre dernier. En ce qui concerne les faits, une unité de la Garde douanière avait arrêté dans le Sahara à Tataouine un véhicule rempli de produits de contrebande. Alors qu’elle était en train de procéder à l’arrestation et la saisie, un groupe d’individus est venu pour aider les contrebandiers et a permis leur fuite. Parmi eux, Dhaw El Ghoul et une autre personne qui a été arrêtée ultérieurement. Depuis, il est recherché et le poste de police de Djerba-Midoun vient de nous informer de son arrestation ». C’est ce qu’il indiquait au micro de Shems FM.
Toujours selon la même source judiciaire, le Parquet avait ordonné l’arrestation de l’un des agresseurs. Tout en plaçant Dhaw El Ghoul sur la liste des recherchés. Le prévenu a été arrêté hier sur l’île de Djerba. « L’arrestation n’a aucun lien avec le sit-in ou la crise d’El Kamour ». C’est ce que tenait encore à souligner le magistrat.
Au dessus des lois?
Pour rappel, la Présidence du gouvernement affirmait, le 6 novembre courant, qu’une solution définitive à la crise d’El Kamour était enfin trouvée.
D’ailleurs, le sit-in observé dans la région était levé. Permettant ainsi aux sociétés pétrolières de reprendre leurs activités, au 7 novembre. Et ce, suite à l’accord signé entre les émissaires du gouvernement et la coordination des sit-inneurs.
De plus, notons qu’aux termes de cet accord, toutes les poursuites judiciaires à l’encontre des manifestants d’El Kamour ont été abandonnées. Et ce, depuis 2017 et jusqu’au 8 novembre 2020.
Oui, mais pas pour une personne impliquée dans une grave affaire de contrebande, comme c’est le cas pour le coordinateur d’El Kamour. A moins que M. Al Ghoul ne soit au dessus des lois de la République!