Le réchauffement planétaire est dû à une augmentation sans équivoque, des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. C’est une réalité! Ses effets se font sentir aujourd’hui. D’ailleurs, les experts du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat reconnaissent la responsabilité de l’homme. Et ce, dans le réchauffement planétaire et les changements climatiques. C’est ce que confirme le GIEC, dans son 5ème rapport d’évaluation (2015); avec un niveau de certitude supérieur à 95%. Ainsi, il reconfirmait plus récemment, dans son rapport spécial, de limiter ce réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (2018).
Depuis la révolution industrielle, le modèle de développement économique et le progrès technique qui l’ont soutenue se sont basés sur l’utilisation de combustibles fossiles; notamment pour produire de l’énergie. Combiné avec une globalisation rapide de l’économie depuis la fin du XXème siècle, ce développement a engendré une expansion démographique et urbaine. La demande des produits et modes de consommation non durables est toujours plus forte. Ce qui a provoqué une augmentation exponentielle des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Et les changements climatiques ne sont pas en reste.
Pression sur les ressources naturelles et l’environnement
En outre, ce mode de développement exerce une pression sans précédent sur les ressources naturelles et l’environnement. Ce qui contribue à une perte significative de la biodiversité et du patrimoine naturel commun à tous les pays. Au point de devoir craindre que cette crise de l’Anthropocène provoque le sixième cycle d’extinction de la vie biologique sur Terre.
En effet, l’empreinte carbone et écologique de ce modèle de développement impacte déjà de manière significative les économies des pays en développement. Et notamment ceux considérés les plus vulnérables aux impacts négatifs des changements climatiques; à l’instar de la Tunisie.
Alors, force est de constater aujourd’hui une multiplication d’événements climatiques extrêmes. Il s’agit notamment: des inondations; de la sécheresse; de l’accélération de la désertification; des ouragans, des tsunamis, etc. Car l’augmentation continue de leur fréquence et de leur intensité peut être directement imputée au dérèglement du système climatique mondial; ainsi qu’au réchauffement avéré de la planète.
Par ailleurs, les changements climatiques entraînent de terribles conséquences sur le plan social. Elles vont d’abord concerner les plus pauvres et démunis. Puisqu’ils dépendent des ressources naturelles pour subvenir à leurs besoins essentiels. Cela entraînera aussi un exode rural massif vers des zones urbaines. Il provoquera des migrations dans des conditions souvent illégales. Vers des zones ou pays subissant moins fortement les impacts des changements climatiques.
Un enjeu global
Dans ce contexte, la lutte contre les changements climatiques doit être la préoccupation commune de l’humanité. Effectivement, elle constitue un enjeu global auquel il est impératif de répondre. Pour préserver le capital naturel, soutenir un nouveau développement socio-économique respectueux du climat et de la planète. L’objectif étant d’assurer de manière équitable le bien-être de tous et la paix dans le monde. Et ce, dans le respect des droits des générations futures à bénéficier d’un environnement sain et durable.
A ce propos, l’Accord de Paris sur le climat a été adopté à Paris le 12 décembre 2015. Et ce, lors de la COP 21 de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (CCNUCC). L’objectif consiste à intensifier la réponse mondiale. Et ce, face aux changements climatiques et à leurs effets. En contenant l’élévation de la température de la planète nettement au dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Tout en poursuivant l’effort pour parvenir à limiter cette hausse à 1,5°C.
De plus, l’Accord de Paris prévoit d’atteindre une neutralité carbone. Mais aussi un équilibre entre les émissions anthropiques et les absorptions de gaz à effet de serre par des puits de carbone. Et ce, au niveau mondial, durant la seconde moitié de ce siècle.
La Tunisie prépare sa stratégie
Alors, la Tunisie s’est engagée avec la communauté internationale pour relever le défi de riposte mondiale face aux changements climatiques et à leurs effets. Elle ratifiait donc l’Accord de Paris par la loi organique N°2016-72 du 31 octobre 2016.
Compte tenu de sa grande vulnérabilité aux impacts croissants des changements climatiques, la Tunisie entend contribuer de manière forte et efficace à la mise en œuvre de cet accord qui est effective depuis 2020.
Et comme le prévoit l’Accord de Paris, cet engagement nécessite de tracer une nouvelle trajectoire de développement durable. A la fois sobre en carbone et résilient sur le long terme.
A cet égard, la Tunisie s’engage dans la préparation de sa stratégie. Avec la Stratégie Nationale pour le Développement Bas Carbone (SNBC) et Résilient aux Changements Climatiques (RCC), à l’horizon de 2050.
Car cette stratégie a pour ambition de fixer les orientations permettant une transition vers une économie bas-carbone. Mais également circulaire et durable dans tous les secteurs de l’économie tunisienne. Elle devra ainsi, définir une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050. En plus d’identifier les priorités pour promouvoir un développement résilient fortement adapté aux impacts climatiques; notamment pour les secteurs les plus vulnérables.
« La Tunisie s’est engagée avec la communauté internationale pour relever le défi de riposte mondiale face aux changements climatiques et à leurs effets »
Dans ce cadre, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement, avec l’appui de l’Agence Allemande de la Coopération Internationale (GIZ), organisait les 12 et 13 novembre 2020 un webinaire. Cet événement a permis le lancement du processus d’élaboration de la « Stratégie Nationale pour le développement bas-carbone et Résilient aux Changements Climatiques (SNBC et RCC) à l’horizon 2050. »
Cette stratégie doit pouvoir s’appuyer sur une véritable vision prospective de l’évolution du pays. Elle doit comporter des objectifs, une trajectoire d’émissions, des mesures de mise en œuvre. Elle va nécessiter une intégration des enjeux climatiques dans tous les secteurs et à tous les niveaux national, infranational et local. Ainsi qu’un suivi permanent des politiques pour respecter la trajectoire. Et ce, en tirant profit de toutes les opportunités offertes pour la mobilisation des ressources et des acteurs. Y compris dans le cadre de la coopération internationale, régionale et bilatérale.
Alors, cet atelier mettait notamment l’accent sur l’importance de ce processus. Lequel présente de multiples enjeux liés, à la fois, aux risques et aux opportunités pour la Tunisie. Avec une forte participation d’environ 100 experts représentatifs des principaux secteurs clés, des acteurs et experts de la société civile et des communes.
D’abord en lien avec la transition bas-carbone, cette stratégie permet d’inscrire le pays dans une dynamique favorisant le développement durable, de se positionner en faveur de nouvelles technologies sur la base de différents scénarios de décarbonation, de promouvoir des modes de production et de consommation respectueux de l’environnement et de la santé humaine, avec des pratiques commerciales et des marchés plus vertueux et plus transparents, de s’inscrire encore davantage dans l’Accord de Paris pour bénéficier des mécanismes de coopération internationale et de renforcer les compétences nationales.
Réduction de la vulnérabilité
En lien avec la résilience et la réduction de la vulnérabilité, cette stratégie permet d’envisager les moyens nécessaires pour protéger et préserver les écosystèmes naturels et humains et permettre aux populations de vivre dans une société́ tunisienne juste, inclusive, sereine et sans pauvreté́. Et ce, dans des territoires gérés de manière durable, moins vulnérables aux chocs et aux stress climatiques; et aussi grâce à des solutions simples et parfois oubliées, comme celles fondées sur la nature.
Pour y parvenir, cette stratégie visera notamment à intégrer les considérations liées aux changements climatiques dans toutes les politiques et mesures, à mobiliser des ressources financières pour améliorer les infrastructures et services publics, à soutenir des programmes de recherche d’excellence pour développer de nouvelles technologies et améliorer les compétences et la maîtrise des connaissances des facteurs de la résilience.
Défis et obstacles
Par ailleurs, plusieurs risques et défis pourraient représenter pour la Tunisie des obstacles majeurs. Il s’agit donc de la mise en œuvre efficace et effective de cette nouvelle approche de développement durable, propre, sobre en carbone et résilient.
L’instabilité politique, les limites actuelles du système de gouvernance, la volonté politique, le manque de capacités, conjugués à une situation socio-économique fragile, représentent autant de défis et difficultés à surmonter.
En parallèle des travaux pour l’élaboration de la SNBC-RCC, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement a également entrepris un processus de mise à jour des volets atténuation et adaptation de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour 2030. Et ce, conformément aux dispositions et provisions de l’Accord de Paris sur le Climat, pour que la Tunisie soit en mesure de soumettre une CDN actualisée avant la Conférence de Glasgow (COP26 de la CCNUCC, CMA-2 de l’Accord de Paris). Cette conférence se tiendra en novembre 2021.
Le calendrier décennal de la CDN est à court et moyen terme. Il ne permet pas de repenser en profondeur le modèle de développement, ni d’intégrer des objectifs à la mesure de ceux fixés par l’Accord de Paris, contrairement à la SNCB-RCC. Celle-ci donnera la vision et la trajectoire sur le long terme.