« Un manque de sensibilisation des parents à l’importance de l’éducation préscolaire et à la surveillance des enfants en plus du recours à l’automédication pour soigner les enfants et l’interruption précoce de l’allaitement maternel ». C’est ce qu’a révélé une étude nationale sur les connaissances, les attitudes et les pratiques parentales liées au développement de la petite enfance.
Les résultats de cette étude ont été présentés, aujourd’hui, vendredi, lors d’un colloque national organisé par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance sous la tutelle de la Présidence du gouvernement et en coopération avec l’UNICEF. Elle s’inscrit dans le cadre d’un programme national de soutien à la parentalité positive dans le cadre de la stratégie nationale multisectorielle pour le développement de la petite enfance (2017/2025). L’éducation préscolaire était l’un des axes majeurs de cette étude.
En effet, elle a inclus 5074 parents (biologiques ou tuteurs) résidant en Tunisie et ayant au moins un enfant de moins de six ans. Et ce afin de cartographier les connaissances, les attitudes et les pratiques des parents en Tunisie. Et ce, en relation avec les quatre dimensions du développement de la petite enfance qui sont à l’origine des menaces auxquelles l’enfant est confronté.
Éducation préscolaire: l’importance de jouer et de communiquer
L’étude a conclu que 43% des parents ne sont pas conscients de l’importance de l’éducation préscolaire dans le développement de l’enfant. 52% d’entre eux n’acceptent pas d’impliquer l’enfant dans la prise de décisions qui le concernent. 31% ne cherchent pas à renforcer la confiance en soi de l’enfant.
Elle a également révélé que le taux de couverture de l’éducation préscolaire est encore faible. Il ne dépasse pas 49,5% pour les enfants qui ont atteint l’âge de trois ans. 62% des enfants interrogés s’inscrivent dans des jardins d’enfants, outre la non inscription de cette catégorie dans les écoles et les jardins d’enfants qui est due, dans 19% des cas, à des raisons financières.
Selon les parents interrogés, la plupart d’entre eux (81%) jouent quotidiennement ou constamment avec leurs enfants. En revanche, environ 3% des enfants souffrent d’un vide émotionnel. 48,1% des parents déclarent ne jamais avoir lu une seule histoire ou un seul livre à leurs enfants.
L’étude a recommandé de mener des campagnes de sensibilisation sur l’importance de l’éducation préscolaire dans le développement de l’enfant et l’importance de jouer et de communiquer avec les enfants. Et ce pour développer leur psychisme dans le cadre de la stimulation précoce de l’enfant, ainsi que de se concentrer sur les jeunes parents qui ont plusieurs enfants et un faible niveau socio-économique et d’éducation.
Améliorer la maîtrise de soi des parents
En ce qui concerne l’axe de protection, l’étude a révélé une carence concernant l’encadrement des enfants. Elle a souligné aussi que le niveau d’éducation des parents, en particulier de la mère, est étroitement lié au taux de punitions verbales et physiques. L’étude a démontré que 40% des parents expriment leur besoin de recourir à la violence verbale plus d’une fois par semaine. 24% ont recours à la violence physique.
Selon l’échantillon interrogé, 78% d’entre eux ont souligné l’impact des fréquentes disputes conjugales devant les enfants sur leur psychisme, à l’exception des zones rurales, et 58% des parents expriment leur besoin d’accompagnement pour développer leurs compétences parentales.
L’étude a recommandé dans ce domaine le renforcement des programmes de soutien parental visant à améliorer les compétences des parents en matière de maîtrise de soi et de résolution de problèmes de manière pacifique, et d’aider les parents à développer leurs compétences et à adopter des méthodes appropriées pour résoudre les problèmes sans recourir à la violence verbale et physique envers les enfants, en plus d’encourager la formation d’équipes et de réseaux pour le soutien des parents.
L’étude recommande également la mise en place de Services de protection sociale et communautaires. Et ce, pour les familles touchées par la violence et la toxicomanie.
Surveiller le développement sain et psychologique de l’enfant
Dans le domaine de la santé, l’étude a révélé que la moitié des parents sont incapables de détecter les premiers signes de retard de croissance psychomotrice ou linguistique. 30% d’entre eux recourent aux herbes médicinales pour soigner leurs enfants. 60% recourent à l’automédication pour réduire la température. Seulement 16% d’entre eux se rendent immédiatement aux soins de santé.
Selon cette étude, 10% des parents interrogés recourent à un guérisseur traditionnel (Arrafa) pour soigner leurs enfants. 19% d’entre eux utilisent rarement le carnet de santé pour suivre leurs enfants.
Parmi les recommandations à cet égard, l’étude a appelé à développer des programmes de soutien aux pratiques parentales positives tels que l’établissement de normes de suivi du développement psychologique, intellectuel, linguistique et social de l’enfant, la mise en garde contre les dangers de l’automédication, des plantes aromatiques et médicinales, en plus de la réactivation du carnet de santé pour les parents et les professionnels de la santé.
Nutrition: la nécessité de mener des campagnes d’information liées aux bonnes pratiques d’alimentation des enfants
Quant à l’axe relatif à la nutrition, l’étude a démontré que les connaissances des parents sont limitées. Notamment en ce qui concerne la durée de l’allaitement maternel exclusif. 47,4% ont adopté l’alimentation mixte et/ou la diversité alimentaire précoce. 50% des répondants ont arrêté d’allaiter avant d’atteindre l’âge de 4 mois. 17% des bébés n’ont pas été allaités ou sevrés avant l’âge de deux mois.
Au final, l’étude recommande la nécessité de mener des campagnes médiatiques pour encourager l’allaitement maternel exclusif et continu après six mois, de développer un programme de soutien aux pratiques parentales positives liées à la prévention et au traitement de l’anémie et de l’obésité. En plus de mettre en place des campagnes de sensibilisation liées aux bonnes pratiques d’alimentation et aux risques d’anémie et d’obésité chez l’enfant, en particulier pour les parents de niveau éducatif limité.
Avec TAP