Il s’en va dans la discrétion la plus totale emporté par la mort. Qu’il a bravé plus d’une fois à travers son passé militant.
Mansour Cheffi part après une longue éclipse ; lui qui pendant les années de braise avait porté haut et fort la voix de la justice, de la liberté et de la démocratie. Il avait fait du Conseil de l’ordre des avocats le bastion de la lutte pour les libertés, les droits civiques et syndicaux.
Elu Bâtonnier à trois reprises et consacré pour l’éternité, en guise de reconnaissance, doyen d’honneur de cette institution qui n’a jamais courbé l’échine. On l’aura compris, il était de tous les combats syndicaux au risque de provoquer le courroux et la foudre du pouvoir.
En 1964-65, quand le pouvoir voulait faire plier la centrale syndicale l’UGTT en incarcérant son Secrétaire général Habib Achour, il fît honneur à la cause qui était la sienne. Celle de défendre le droit et de s’opposer à la tyrannie et à l’arbitraire.
En 1978, à l’issue des tristes évènements du Jeudi noir, il était dans la mêlée aux côtés de la direction syndicale incarcérée et réduite au silence. Qu’il sût briser et porter haut et fort la voix de la défense pour les libertés et contre l’abus de pouvoir. Ce qu’il fît de nouveau en 1984 quand de nouveau l’UGTT et en premier son SG Habib Achour était la cible d’un pouvoir aux abois, abonné aux seules méthodes d’arrestation et d’emprisonnement.
« Mansour Cheffi fît honneur à la cause qui était la sienne. Celle de défendre le droit et de s’opposer à la tyrannie et à l’arbitraire »
Mansour Cheffi était la conscience tranquille de celles et ceux qui luttent pour que triomphent le droit, les libertés et la démocratie. Il fît de son combat une cause nationale.
MC plaidait, à n’en pas finir pour une Tunisie, terre de liberté, de justice, et de démocratie. Il hérite, sans doute, son caractère trempé d’insoumis et d’éternel révolté de ses origines insulaires.
C’est à Kerkennah, dans son fief natal qu’il se rendait à chacun de ses combats pour se ressourcer, se donner la force et se remonter le moral. Il aimait s’entourer des siens et de ses amis. Il ne parlait jamais de lui et éprouvait une gêne terrible quand il est porté au pinacle par des propos élogieux. Hors du prétoire, il est d’un tempérament calme, toujours souriant et jamais en colère.
Si Mansour a consacré toute sa vie pour le triomphe des libertés et de la démocratie, il fût le précurseur de la révolution démocratique de décembre 2010-janvier 2011. Il s’est curieusement effacé, laissant la place aux autres. Sans doute pour se prouver à lui-même qu’il avait accompli sa mission.
Et pourtant, il reste beaucoup à faire pour restaurer et construire le pays de ses rêves. Il laisse derrière lui un immense vide.
A sa famille, à ses proches, à ses amis et à l’UGTT dont il avait partagé la destinée nos condoléances les plus attristées.
Que Dieu ait pitié de son âme.